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Mai 01
Serveurs informatiques

Stockage dans le ‘cloud’ : le jeu en vaut-il la chandelle ?

Choisir le stockage (‘cloud’) distant quand on est une petite radio, surtout quand on a relativement peu de données à stocker, est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

L’un de nos membres m’a demandé s’il s’agissait d’une bonne idée de placer leurs données informatiques dans un serveur distant au lieu de disposer d’un serveur interne.

D’abord, quelles données, ai-je demandé ? Et d’ailleurs, en avez-vous tant que ça ?

Pourquoi stocker dans le ‘cloud’ ?

A priori, pour une petite entreprise comme une radio communautaire, l’idée peut sembler intéressante.

D’une part, on évite l’achat et l’entretien d’un serveur informatique ou même simplement d’un NAS (Network Attached Storage).

On présume être ainsi moins la cible des pirates informatiques parce qu’on place nos données dans les serveurs d’une grosse entreprise réputée comme Google Cloud ou Amazon AWS. En principe, celles-ci font des mises à jour régulièrement et les sauvegardes aussi.

Si plusieurs entreprises ont encore recours à des solutions ‘cloud’ afin de pallier à leurs problèmes de stockage local et réduire leurs frais d’exploitation, il semblerait que de plus en plus d’entreprises fassent marche arrière.

Pourquoi? Les raisons seraient nombreuses.

Des problèmes de sécurité flagrants

Cet article paru en janvier dernier Pourquoi les entreprises font marche arrière dans le cloud ») explique que de plus en plus d’entreprises récupèrent leurs données stockées à l’externe afin de les rapatrier dans leurs propres installations. D’abord par soucis de sécurité.

Les cas flagrants de violation de données informatiques ou même carrément de vols survenus ces dernières années ont considérablement ébranlé la confiance des entrepreneurs.

Oui, héberger ses données dans un serveur distant comme Amazon AWS, c’est choisir une cible certes plus difficile à attaquer qu’un petit serveur local mal protégé.

Par contre, c’est aussi s’exposer littéralement au vu et au su des pirates informatiques qui aiment bien s’attaquer à de grosses quantités de données. Parlez-en à Capital One.

Des données chez Amazon AWS et Google Cloud, il y en a beaucoup. Et plus il y a de données à récupérer d’un seul coup, plus les pirates informatiques sont heureux.

Bien des pirates informatiques se font un point d’honneur d’attaquer de grosses boîtes afin de prendre du galon et gagner l’estime de leurs pairs.

Attention ! Je ne dis pas que vous serez forcément LA victime collatérale des pirates parce que vos données sont stockées aux côtés de celles des grosses pointures comme la banque Capital One.

Sauf qu’en gardant un profil bas et en restant éloigné des lieux très fréquentés, l’on risque généralement moins d’être repéré.

C’est vrai dans la vie de tous les jours et ce l’est aussi dans ce cas-ci. Rester discret. Une stratégie de défense qui n’est pas dénuée d’intérêt.

Des économies de bouts de chandelles

D’autre part, il semblerait que les économies d’échelle tant attendues ne sont pas forcément toujours au rendez-vous pour plusieurs entreprises.

Ce texte évoque 5 situations qui justifient bien souvent le rapatriement des données vers un serveur local. Parmi celles-ci, l’économie d’argent trône en haut de la liste.

Outre les frais mensuels qui n’en finissent généralement plus de grimper, plusieurs compagnies de stockage n’hésiteront pas à surfacturer la moindre opération.

Vous décidez d’écraser prématurément certaines données durant le mois ? Oups ! Des frais s’ajoutent.

Vous souhaitez créer une telle archive pour la télécharger et la stocker localement. Ouch ! Encore d’autres frais. Malheur à vous d’ailleurs si, dans quelques années, vous espérez récupérer votre archive afin de la stocker localement. La note risque quelquefois d’être particulièrement salée.

Faites le calcul

Avez-vous tant de données que ça et sont-elles si difficiles à gérer au point qu’il faille les stocker hors de vos bureaux ?

Dans une petite radio communautaire, qu’avons-nous ?

Les dossiers de quelques dizaines d’annonceurs. Une banque de quelques milliers de titres de musique sans doute. Quoi d’autres ?

Peut-être quelques autres gigaoctets d’informations diverses. Les dossiers de vos salariés, les documents de la corporation, etc.

Mais, à part de ça ?

Votre site web ? Il est sans doute déjà hébergé chez une entreprise et vous ne payez sans doute pas plus de 150 ou 200 $ pas année.

En stockant 1 téraoctets (To) de données dans un serveur de Google Cloud à Montréal et en réalisant jusqu’à 1 million d’opérations mensuels (téléverser, télécharger, copier-coller, déplacer, etc.), vous pourriez vous attendre à payer environ une quarantaine de dollars canadiens à chaque mois.

Quatre ou cinq cent dollars par année, ce n’est pas une fortune. J’en conviens.

C’est vrai d’ailleurs qu’un serveur local mal protégé et dont on ne fait jamais la sauvegarde peut être une cible facile pour les pirates informatiques. Cette station floridienne pourrait vous en parler.

Mais si vous protégez suffisamment votre réseau et votre serveur à l’aide d’un pare-feu et/ou d’un VPN (Virtual Private Network), que votre système est tenu à jour et que vous faites des sauvegardes régulières, vous ne devriez pas être beaucoup plus à risque avec un serveur interne plutôt qu’un stockage ‘cloud’.

Sans compter tout le trafic que vous ne ferez pas sur votre connexion internet pour téléverser et télécharger vos données. Une autre dépense à prendre en considération, surtout lorsqu’on est en région et que la connexion internet n’est pas excellente.

À titre d’exemple, un serveur d’entrée de gamme tel que le DELL PowerEdge T40 coûte à peine plus de 1 300 dollars canadiens. Tandis que de petits serveurs NAS comme ceux de Synology ne vous coûteront guère plus que quelques centaines de dollars.

Des achats qui s’amortiront d’eux-mêmes sur une très courte période de temps.

Savamment configuré par un technicien informatique agréé, en disposant d’une bonne garantie et entretenu avec soin, votre serveur vous donnera des années de fiers services.

Vous pourrez même accéder à vos données hors du bureau, comme vous le feriez avec les services des grandes entreprises, puisque plusieurs manufacturiers de serveurs informatiques rendent disponibles des applications et des instructions simples et efficaces pour se connecter à distance.

Utilisez la calculatrice de Google pour estimer les coûts mensuels du service Google Cloud. Amazon AWS met aussi des outils d’estimation des coûts à votre disposition pour obtenir un devis. La plupart des services ‘cloud’ qui se respectent devraient d’ailleurs vous offrir de tels outils d’estimation des coûts.

Ensuite, comparez avec une solution maison. Je suis persuadé qu’un technicien informatique de votre région pourrait d’ailleurs vous y aider, si vous n’êtes pas tellement connaisseur.

En conclusion

Vous devez recourir à des processeurs très puissants pour exécuter des tâches complexes afin de faire fonctionner certains de vos logiciels et applications, ou encore vous avez des bases de données titanesques ?

Peut-être serez-vous intéressés à recourir aux services d’une entreprise externe.

Par contre, si c’est simplement pour héberger de petites quantités de données et que les charges de travail ne sont guère plus que de stocker, partager ou encore accéder à vos données hors du bureau, sans doute seriez-vous mieux d’opter pour une solution locale.

Vous économiserez probablement passablement d’argent, garderez le plein contrôle de vos données et risquez beaucoup moins de voir l’État fouiller dedans comme ce pourrait être le cas en hébergeant vos données aux États-Unis par exemple.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.