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Août 22
Jeune femme étonnée

6 situations où l’on joue parfois (un peu) sur les mots à la radio

Lorsqu’on ouvre le micro pour parler à la radio, autant dire des choses pertinentes, intéressantes et réelles. Or, il arrive quelquefois qu’on distortionne un peu la réalité, même qu’on fasse de l’enflure verbale.

 

Parfois, c’est fait volontairement. Mais souvent, sans même s’en rendre compte.

Voici 6 choses qu’on entend quelquefois en ondes et qui, malheureusement, devraient être proscrites selon moi.

Et savez-vous quoi ?

Je les ai toutes déjà entendues et peut-être même dites moi-même. Quoique ma mémoire me fasse défaut sur tout ce que j’ai pu dire à la radio.

Oh ! Rassurez-vous. Ce ne sont pas de grosses erreurs. Simplement de petites exagérations ou, comme je le disais plus haut, une distortion des faits.

Il suffirait simplement d’abaisser d’un cran notre niveau d’enthousiasme, d’enlever quelques adjectifs superflus, des superlatifs et des adverbes inutiles, et tout redeviendrait soudainement plus réaliste et logique.

1. La courte pause… qui n’en est pas vraiment une
Une personne tenant un chronomètre blanc et argenté

Photo : Veri Ivanova / Unsplash

« On fait une courte (ou une petite) pause et on revient! »

Deux minutes de pause publicitaire, donc 4 publicités de 30 secondes, c’est tout à fait normal en radio.

Or, si la pause dure 5 ou 6 minutes, je m’excuse, ce n’est plus une courte pause.

Combien dure en moyenne une chanson à la radio ? De 3 à 4 minutes.

Si notre pause dure plus longtemps qu’une chanson, ou même deux parfois, ce n’est pas exactement ce que j’appelle une « petite » pause.

Et, croyez-moi, c’est assez frustrant pour un auditeur. Se faire dire que la pause sera courte, alors qu’elle dure en réalité 5 minutes.


2. Les fameuses 30 minutes de musique… et de parlotte
Femme exaspérée avec les mains en l'air

Photo : Julien L / Unsplash

« On est parti pour 30 minutes de musique sans aucune interruption. »

Si on ouvre le micro à toutes les 2 ou 3 chansons pour donner la température et l’heure, ce ne sont plus 30 minutes ininterrompues de musique.

Au mieux, ce sont 30 minutes… entrecoupées de propos creux et inutiles. Même si les chansons s’enchaînent.

30 minutes de musique sans publicité ? Voilà qui serait plus honnête.


3. La primeur déjà vue 10 fois dans nos médias sociaux
Jeune femme étonnée

Photo : Vicky Hladynets / Unsplash

« Dans un moment,  on vous dévoile une primeur… »

Si la primeur a été mise en ligne la veille dans tous les sites de potins artistiques et que tout le monde l’a déjà vue passer 10-12 fois dans Facebook et Twitter, ce n’est plus une primeur.

Au mieux pourrait-on parler de la grosse nouvelle de l’heure, mais certainement plus d’une primeur.


4. La découverte musicale qu’on connaît tous déjà
Écouter de la musique sur un appareil mobile

Photo : TheAlexLaz / Pixabay

« Après la pause, on vous fait découvrir la nouveauté de… »

Là encore, « découvrir » une « nouveauté » déjà entendue des dizaines de milliers de fois sur Spotify et dont le clip a déjà été visionné à quelques millions de reprises sur YouTube, ce n’est ni une découverte, ni une nouveauté.

De nos jours, la radio a de plus en plus rarement l’exclusivité des découvertes musicales.

Au mieux, on pourrait parler de son plus récent succès, de sa toute dernière chanson, mais certainement pas d’une découverte en tout cas.


5. Quand la météo joue les trouble-fêtes
Temps orageux

Photo : NOAA / Unsplash

« C’est du beau soleil actuellement sur toute la région. »

D’abord, c’est quoi un soleil qui est laid ? Ça toujours été ma première réflexion quand j’entends ça.

Mais surtout, êtes-vous bel et bien certain que TOUTE la région est copieusement ensoleillée ?

En scrutant l’horizon et en consultant les radars météo avant de vous prononcer sur l’état du ciel dans TOUTE la région, on évite de colporter de fausses infos. Limitez-vous à ce dont vous êtes certain.

À Gatineau et Ottawa, par exemple, ça arrive bien souvent qu’on se fasse arroser d’un bord de la rivière, tandis que l’autre bord connaît de larges éclaircies, voire carrément du soleil.


6. Les meilleurs cadeaux qui n’en sont pas vraiment
Musiciens en concert

Photo : Pixabay

« On vous offre les meilleures places pour le concert de… »

Si on envoie nos auditeurs à un spectacle au niveau 400 du Centre Bell, ce serait sans doute un peu, ou même amplement exagéré d’en parler comme des « meilleures places ».

Vos gagnants, quoiqu’ils seront évidemment contents de la gratuité, risquent de s’en souvenir longtemps. Mais, peut-être pas pour les bonnes raisons cependant.

Vous offrez un cadeau ? Présentez-le tel qu’il est. Pas besoin d’en mettre trop et risquer de faite patate.

 

En résumé, ce ne sont pas forcément des choses qu’on fait avec malice. Elles sont généralement sans conséquence.

On prononce ces paroles sans même y réfléchir. Toutefois, c’est le genre de clichés qui, à mon avis, devraient être proscrites des ondes.

On peut être enthousiaste, tout en mesurant un peu nos paroles.

Évitons en outre les superlatifs, les adjectifs qualificatifs inutiles et la plupart des adverbes (ex. : extrêmement, tellement, totalement, complètement, etc.) s’ils n’ajoutent rien au propos.

Qu’on en utilise, ça va. Mais n’en abusons pas.

C’est comme dans toute chose. La modération a bien meilleur goût. Et puis, ça rend les auditeurs beaucoup moins cyniques à l’égard de notre travail.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.