(Par Simon Forgues) – L’image est forte. Une personne se tient debout face à la caméra. Elle porte à bout de bras un seau d’eau glacée qu’elle se renverse sur la tête, puis elle lance le défi à quelqu’un de faire la même chose.
Tout cela au profit d’une cause dont plusieurs personnes n’avaient même jamais entendu parler avant, soit la sclérose latérale amyotrophique.
Si je mentionne la maladie de Lou-Gehrig, alors là, ça dira sans doute quelque chose à plusieurs d’entre vous. C’est bien de la même maladie dont il s’agit.
Mais, peu importe qu’on en ait entendu parler ou pas auparavant, peu d’entre nous en savent beaucoup sur le sujet.
Je lisais hier le billet d’un chercheur spécialisé dans les questions d’éthique, qui parlait littéralement de cette campagne de financement comme de « cannibalisme du financement ».
Dans son texte, l’auteur relève une série de faits qui ont de quoi faire réfléchir, et ce, que l’on adhère ou pas à son argumentaire.
L’argent ne pousse pas dans les arbres
Il explique entre autre choses que les citoyens n’ont en général pas un budget illimité pour faire des dons, et que par conséquent, s’ils sont contraints de remettre 100 $ à l’Association de la sclérose latérale amyotrophique, ce sera, dans bien des cas, au détriment d’une ou même de plusieurs autres causes qui leur tiennent davantage à cœur.
En un mot comme en mille, on déshabille Pierre pour habiller Paul.
À cela, j’ajouterais personnellement que les gouvernements n’ont pas non plus des budgets illimités, et que, depuis quelques années, on assiste là aussi à un malheureux désengagement de l’État vis-à-vis les organismes caritatifs, ce qui n’a rien pour arranger les choses non plus.
Ce qui est d’autant plus préoccupant dans ce phénomène, comme l’explique l’auteur, c’est que les médias de masse, comme la télévision et les grands journaux nationaux, accordent en général une place assez limitée aux causes sociales.
En clair, s’ils accordent davantage de couverture à un phénomène comme le « ice bucket », fut-il passager, c’est autant de temps et d’espace qu’ils n’accorderont pas à d’autres causes. Ce qui est vrai pour le budget du citoyen qui n’est pas illimité, l’est aussi pour les médias.
C’est d’autant plus paradoxal, comme poursuit William MacAskill, qu’en général, pour chaque dollar qui est levé d’une semblable façon, 50¢ auraient été offerts de toute manière par une personne ou une autre.
Que l’on soit d’accord ou pas avec son argumentaire, je pense qu’il renferme en tout cas suffisamment de matière à réflexion pour que l’on s’interroge sur la nécessité d’organiser de pareils défis comme moyen de financement.
Je vous invite à lire l’ensemble de son billet ici : The cold, hard truth about the ice bucket challenge.
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