L’annonce d’une possible fermeture prochaine des journaux du Groupe Capitales Médias a semé l’émoi dans le monde médiatique comme chez la classe politique. Mais quelles sont les solutions? Tout est à réfléchir. Mais vite.
On va se le dire. Quoiqu’on pense des journaux, qu’importe à qui ils appartiennent et les voies qu’ils empruntent pour véhiculer l’information, personne ne gagne à voir disparaître des médias locaux et s’étioler la diversité des voix. Personne.
J’ai lu et entendu des énormités aujourd’hui sur la disparition éventuelle de ces journaux dont je vous ferai grâce.
Parmi les différents scénarios évoqués on trouve les mesures d’urgence temporaire ou même le rachat par une autre grande entreprise de presse. Je vous laisse deviner laquelle.
Par contre, peu ont évoqué une idée qui, même dans des communautés telles que les nôtres, gagne de plus en plus d’adeptes depuis quelques années.
Une coentreprise radio/journal
Soyons honnête. De tous les médias existants, tant traditionnels que numériques, seuls la radio et le journal ont toujours été profondément enracinés au sein de leur communauté.
Dans le cas qui nous occupe, le quotidien Le Soleil traite prioritairement de l’actualité de Québec et ses environs, comme Le Nouvelliste parle de la Mauricie et que Le Droit s’intéresse à l’Outaouais et la capitale fédérale.
Leur mission est donc assez comparable aux radios locales, mais d’une façon pour ainsi dire complémentaire.
D’ailleurs, les exemples de radios et de journaux locaux qui travaillent main dans la main sont de plus en plus nombreux. Au sein même de communautés comme les nôtres.
Quelques exemples
À Hearst (Ontario), en avril 2016, la radio communautaire locale se portait acquéreur de l’hebdomadaire régional dont le propriétaire de l’époque souhaitait se départir.
Sans l’intervention de la station locale, il y a fort à parier que le journal aurait fermé ses portes quand le propriétaire décida de prendre sa retraite.
Une rareté? Pas tant que ça.
Cinq ans auparavant, à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest, la station Radio Taïga (CIVR 103,5 FM) et le journal L’Aquilon avaient déjà fusionné leurs opérations dès 2011.
Tandis qu’à Iqaluit, au Nunavut, le journal Le Nunavoix et la station CFRT sont opérés depuis de nombreuses années elles aussi sous le chapeau d’une même organisation, dans ce cas-ci l’Association des francophones du Nunavut.
Au Nouveau-Brunswick, à l’Université de Moncton, les Médias acadiens universitaires Inc. regroupent sous un même parapluie, depuis un moment déjà, le journal et la radio de l’endroit.
Une planche de salut?
Des radios locales dans les communautés où les journaux sont en péril en ce moment pourraient-elles s’allier à ceux-ci afin de préserver les emplois, alléger le fardeau fiscal, quitte à peut-être même créer des OBNL semblables à celui qui fut mis en place pour assurer la pérennité de La Presse? Je ne sais pas. L’idée est lancée.
Si la station radiophonique montréalaise CKAC est née en 1922 de la côte du quotidien La Presse, Le Soleil à Québec ou Le Droit à Ottawa pourraient-ils renaître ou survivre de celles de stations locales?
Pour y arriver toutefois, encore faudrait-il que ces radios soient elles-mêmes réellement enracinées au sein de leurs collectivités et non de simples antennes relais d’émissions montréalaises, comme c’est maintenant le cas pour un trop grand nombre d’entre elles. Condition sine qua non pour que la pâte lève, comme on dit.
D’autant qu’on ne se le cachera pas, plusieurs stations radiophoniques puisent allègrement une bonne partie de leur contenu dans les enquêtes et les textes des journaux locaux. Non?
Ce serait (peut-être) un juste retour de l’ascenseur. Parce qu’au risque de me répéter, personne ne gagnera à voir disparaître nos médias locaux. Personne.
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