« Allez vers le numérique! », nous dit-on sur plusieurs tribunes et sur tous les tons depuis des années. Ok, d’accord. Mais l’affaire, c’est que nous y sommes déjà.
Ça va sans doute vous surprendre mais, quoique la majorité de nos membres soient situés hors des grands centres urbains, tous diffusent déjà sur Internet.
Et certains de nos membres, peut-être pas suffisamment je l’avoue, proposent aussi du contenu audio à la demande.
Dans tous les cas, ils alimentent un site Web où l’on peut s’informer des activités de la station et de la collectivité. Ils sont aussi actifs dans les médias sociaux tels que Facebook et Twitter.
Comme l’organisation nationale doit prêcher par l’exemple, l’ARC du Canada est aussi présente dans les médias sociaux. On entretient aussi le site Web sur une base régulière. Très régulière même.
Nous disposons en outre de notre propre application mobile pour Android et nous travaillons à une solution pour satisfaire tant les propriétaires d’iPhone que ceux qui utilisent les autres systèmes d’opération mobiles.
Bref, le virage numérique, on l’a déjà pris. Du moins sommes-nous en train de le prendre au meilleur de nos capacités.
Des iniquités qui subsistent
Le problème, et vous avouerez qu’il est de taille, c’est que des iniquités flagrantes subsistent actuellement au pays.
Des différences flagrantes vécues par les citoyens montréalais ou torontois d’un côté, et, à l’opposé, ceux qui résident hors des grands centres urbains. Ça crève les yeux.
Des exemples…
À Iqaluit, au Nunavut, pour une connexion numérique fixe, ce qui est généralement la norme dans les entreprises qui font du streaming, le choix qui s’impose : NorthwestTel.
J’ai bien tenté de trouver des solutions alternatives. Or, les vitesses sont trop lentes, la bande passante pas suffisante ou les prix plus élevés.
Combien une petite entreprise déboursera-t-elle pour un plan « heavy users » d’À PEINE 120 Go de bande passante à une vitesse de 5 Mbps en téléchargement et 768 Kbps en téléversement?
Réponse : 399,95 $ par mois.
À Pointe-aux-Trembles, un quartier de Montréal, une petite entreprise profitera d’une connexion hybride avec fibre optique à 940 Mbps en téléchargement et 50 Mbps en téléversement chez Vidéotron… pour 176,94 $ par mois.
Grosse différence, dites-vous?
Vous pourrez évoquer différentes raisons pour expliquer cette différence, comme le bassin de population ou encore la présence ou non de certaines infrastructures d’une place à l’autre, mais les coûts ne bougeront pas pour autant. Désolé.
Les ressources humaines et logistiques ne sont pas les mêmes
Des autres facteurs qui alourdissent les activités numériques de petites organisations comme les nôtres, on peut également relever l’absence de ressources (logistiques et humaines) en informatique et en nouvelles technologies de l’information.
Internet, c’est une chose. Pouvoir bien s’en servir, c’en est une autre.
À Montréal ou Toronto, si votre ordinateur de mise en ondes brise, vous compterez sans doute assez rapidement sur un technicien informatique pour vous dépanner à quelques coins de rue.
Au pis aller, si la machine est irrécupérable, vous pourrez acheter un nouvel ordinateur chez une boutique locale.
En revanche, si l’ordinateur de mise en ondes brise à la radio de Plamondon, en Alberta, vous devrez probablement vous diriger vers Edmonton (à 204 km) ou peut-être Lloydminster (à 304 km) pour une réparation ou même l’achat d’une nouvelle machine.
Un peu embêtant, non?
On me dira que ce n’est guère mieux si un équipement de radiodiffusion brise, je vous l’accorde.
Mais là encore, les chances de compter sur un technicien en électronique ou en radiodiffusion près de chez soi sont infiniment plus grande à Montréal ou Toronto qu’à Gravelbourg (Saskatchewan), Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) ou Plamondon (Alberta).
Les « joies » de vivre en situation rurale
C’est vrai qu’environ 80 % des citoyens canadiens habitent dans une zone urbaine, tandis que 20 % vivent en régions rurales.
Plus ou moins 6,2 millions dans la grande région torontoise. À peu près 4 millions pour le grand Montréal métropolitain. Donc, environ le tiers de la population canadienne juste là.
Mais est-ce que ça signifie qu’il faille pour autant être privé d’informations locales? Ni en produire, ni en consommer à cause de telles iniquités subsistent? Parce que les annonceurs qui achètent de la pub ne sont pas aussi nombreux non plus qu’à Toronto et Montréal?
Poser de semblables questions, aussi saugrenues soient-elles, c’est déjà y répondre en partie.
C’est d’ailleurs pour ça que nos radios ont déjà les deux pieds dans l’univers numérique. Parce qu’on est en 2018, quand même.
Par contre, une petite poussée pour leur permettre d’aller plus haut ne serait pas de refus.
Comme à l’époque; je m’en rappelle. Quand on était petit et qu’un plus grand nous donnait une poussée sur la balançoire.
Après, quand on avait suffisamment pris d’élan, je me rappelle qu’on pouvait aller très haut et très vite.
C’était le fun quand les grands aidaient les petits. J’aimais ça. Pas vous?
Les commentaires sont fermés.