J’aime lorsque nos stations partagent leurs expériences réalisées dans leurs opérations courantes. Voici justement ce que l’une d’entre elles, Radio Victoria, a partagé récemment concernant une transmission vidéo en direct (livestream) sur internet.
Quels sont les logiciels et l’équipement requis ? À quels coûts s’attendre ? Quels sont les problèmes que vous pourriez avoir à surmonter ?
En voici un exemple…
L’avantage de tels témoignages, c’est qu’ils permettent ensuite de mieux outiller nos membres. Surtout lorsqu’il s’agit, comme dans ce cas-ci, d’expériences réalisées dans des conditions réelles.
Avec les bons… et les (un peu) moins bons côtés.
Faire de la radio… filmée
De plus en plus de stations radiophoniques ne se contentent plus d’offrir de l’audio à leur auditoire. Elles proposent aussi de la vidéo.
Chez nos membres, je ne nommerai que CIFA FM, en Nouvelle-Écosse, ainsi que Radio Victoria, sur l’île de Vancouver. Il y en a évidemment d’autres.
Si la magie de la radio réside bien sûr dans sa faculté d’aiguiser les sens et l’esprit grâce à la simple transmission de l’audio, la vidéo peut quand même venir l’appuyer dans bien des circonstances.
Pensons simplement à la conquête de nouveaux publics de plus en plus friands de vidéos ou au développement de nouvelles sources de financement.
Voyons comment, à titre d’exemple, Radio Victoria s’y est-elle prise pour réaliser cette transmission en direct sur Facebook le 27 août dernier depuis la Plaza Franco de la Société francophone de Victoria.
Si vous constatez certains petits problèmes pendant la transmission, c’est normal. Nous en parlerons plus bas.
Les caméras utilisées
Pour la captation vidéo, le directeur de la station Pierre Chauvin m’explique qu’ils ont eu recours à un appareil reflex numérique Canon EOS 6D équipé de Magic Lantern. Ce micrologiciel gratuit et open source ajoute certaines fonctionnalités à l’appareil comme le fait de pouvoir retirer l’affichage du carré blanc lors de la mise au point.
L’autre source vidéo utilisée ? Un simple caméscope portatif Sony de la gamme Handycam.
Vous voyez ? Jusque-là, on s’entend, tout est à la portée de tout le monde.
Aucun équipement n’est ni très dispendieux, ni trop compliqué à utiliser. Vous pourriez même en choisir d’autres modèles s’ils sont adaptés à ce genre de tâche.
Le mixage des sources
Les deux appareils sont ensuite reliés à un commutateur vidéo ATEM Mini doté de 4 entrées HDMI, ainsi que d’un port de sortie USB. L’appareil de la gamme Mini se décline en trois versions : le Mini, le Mini pro et le Mini pro ISO.
Qu’est-ce qu’un commutateur vidéo ?
Un peu à la manière d’une console de radio, il permet de sélectionner quelle source vidéo sera transmise au streaming en direct et offre en plus des effets de transition.
On peut voir ici quelques-unes des situations où l’ATEM Mini pourrait être utilisé. Le prix de détail suggéré par le manufacturier est de 435 $CA pour l’entrée de gamme.
Côté sonorisation, Radio Victoria a branché le boîtier ATEM Mini (doté de deux prises 3,5 mm) à l’une des sorties de la console audio sur place lors de l’événement.
Cela étant dit, d’autres entreprises commercialisent de tels produits avec des fonctionnalités plus ou moins avancées selon les modèles, dont l’entrée audio XLR ou 1/4 pour les microphones avec alimentation fantôme 48v.
C’est le cas en outre du réputé modèle VR-1HD de Roland vendu aux alentours de 1 600 $CA dans plusieurs boutiques en ligne.
Qu’importe le modèle pour lequel vous opterez, cet équipement ne sera pas superflu.
Il agit comme carte vidéo externe et permet de relier plus d’une source vidéo, ce qui agrémente évidemment votre diffusion en direct, plutôt que de n’utiliser qu’une seule caméra.
Ici, vous vous sentirez comme un réalisateur de télévision. Ou presque.
La partie logicielle
Pour le traitement de l’image et de la transmission vidéo, la radio a choisi d’utiliser le logiciel gratuit OBS Studio (Open Broadcast Software).
Ce dernier permet de combiner les diverses sources audio et vidéo, ainsi que l’incrustation d’éléments visuels tels que des logos, des titres, des bandeaux, etc.
Il suffit par la suite de fournir les informations de connexion au service de diffusion en direct, en l’occurrence Facebook dans le cas présent mais ça pourrait aussi être YouTube live ou d’autres service du genre.
Quelques conseils pour une expérience réussie
Dans notre échange, Pierre a tenu à apporter d’importantes précisions quant à l’expérience réalisée dans le cadre de cet événement. Des conseils qui pourraient vous être très utiles.
Problème 1 – La longueur des câbles HDMI
D’abord, m’a-t-il dit, il semble que les câbles HDMI ne puissent être plus long qu’une cinquantaine de pieds (15 mètres).
Ça pourrait suffire dans bien des situations, mais ça reste une contrainte importante si l’on espère transmettre par exemple un concert en direct et placer les caméras à divers endroits. Surtout qu’on trouve des fils HDMI beaucoup plus long que 50 pieds avec amplificateur de signal intégré dans les boutiques en ligne.
Afin de contourner le problème, la radio s’est servi d’un module d’extension semblable à celui-ci qui permet d’allonger considérablement la longueur de câble.
Il précise que, dans ce cas-ci, il importe d’utiliser un câble Ethernet RJ45 CAT6, sans quoi le signal vidéo sera de piètre qualité.
La situation s’explique dans la mesure où le câble CAT6 est conçu pour les fréquences allant jusqu’à 250 MHz, ce qui permet la transmission simultanée d’un volume beaucoup plus élevé de données que les câbles de classe inférieure.
Problème 2 – L’option de Clean HDMI (HDMI propre)
Pierre fait aussi remarquer que les anciens appareils photos ne disposent pas tous d’une fonction de vidéo HDMI propre (Clean HDMI).
On parle ici d’une vidéo dans le bon format et exempte de tous les petits indicateurs qu’on voit habituellement dans l’appareil (ex. : le viseur, l’indicateur de charge de la batterie, l’exposition, etc.).
Vérifiez que votre appareil puisse faire du Clean HDMI ou que vous puissiez en tout cas installer Magic Lantern, qu’on suggérait précédemment dans le cas du Canon EOS 6D.
Dans un billet de blogue publié en juin dernier (en anglais), la compagnie Roland formule aussi d’autres conseils afin de régler l’appareil.
Problème 3 – Les batteries de vos appareils
Évidemment, plus la transmission durera longtemps, et plus les batteries de vos appareils seront sollicitées. On ne s’en sort pas. Et comme on n’a pas toujours une prise électrique près de soi, ça pourrait poser certains défis.
Les caméras professionnelles sont souvent dotées de blocs-batteries beaucoup plus gros que nos petits appareils domestiques.
Or, pour les diffusions qui s’étirent au-delà d’une heure, vous aurez assurément besoin de brancher les caméras.
Sinon, les batteries ne tiendront pas le coup et vous courez le risque que votre diffusion soit brutalement interrompue. Oups !
Il existe toutefois des gadgets comme celui-ci en outre qui permettent de brancher votre appareil photo sur une prise secteur.
Vous pourrez continuer ainsi d’opérer sans vous soucier de la durée de votre batterie. C’est le genre d’item qui n’est cependant pas inclus en général lorsqu’on achète le kit de base de l’appareil.
Problème 4 – Une bonne connexion internet et un bon ordinateur
Vous devrez impérativement disposer d’une connexion Internet de bonne qualité, ainsi que d’un ordinateur qui tienne la route afin de gérer le logiciel OBS Studio.
Ici, je vous avertis, on ne parle pas d’un simple logiciel de traitement de texte. Gérer de la vidéo, ça requiert une machine qui dispose de suffisamment de mémoire RAM et d’un bon processeur.
Si les vidéos en direct offrent des opportunités incroyables, de simples petits détails peuvent néanmoins gâcher rapidement la diffusion.
Qu’on songe à la balance des blancs qui différent entre les appareils ou encore les résolutions vidéo distinctes qui rendent le visionnement beaucoup moins agréable.
Sans oublier les câbles trop courts dont on parlait plus haut et qui peuvent restreindre votre installation ou encore une vidéo saccadée en raison d’une machine qui ne suffit pas à la tâche.
Bref, il importe de réaliser des tests, et ce, plus d’une fois.
Assurez-vous que vous serez en mesure d’offrir une bonne expérience à vos spectateurs. Pierre fait d’ailleurs remarquer que Facebook propose l’option de « publier » la vidéo comme une diffusion test, ce qui permet de faire une répétition avant de vous lancer plus tard en situation réelle.
Personnellement, je vous recommanderais aussi un peu de lecture. Ce guide en français élaboré par Google répondra à toutes vos questions si vous souhaitez vous lancer tête première dans une telle aventure.
Ça parle évidemment beaucoup de YouTube live, mais ça s’adapte aussi aux autres plateformes.
En terminant
Enfin, quelques derniers conseils…
Deux têtes valent mieux qu’une dans une telle situation. Le mieux, c’est qu’une personne contrôle les caméras, tandis qu’une autre gère logiciel de streaming et s’assure que le produit fini soit de qualité.
C’est le travail du réalisateur et l’assistant-réalisateur. (Quand je vous disais tantôt que vous alliez finir par vous sentir comme un réalisateur de télévision.)
En terminant, utilisez des services de création en ligne comme Canva ou Crello afin de concevoir certaines séquences vidéo ou des incrustations qu’il suffira d’exporter ensuite au format MP4.
Vous pourrez vous en servir pendant la transmission afin d’ajouter une petite touche professionnelle à votre produit fini.
C’est tellement plus agréable quand on propose un produit bien conçu et de bonne qualité, n’est-ce pas ?
(Remerciements à l’équipe de Radio Victoria et son directeur Pierre Chauvin pour ce partage d’expérience.)
NOTE : Tous les liens fournis ne le sont qu’à titre indicatif et je ne cautionne ni ne recommande aucun appareil ou logiciel en particulier. Je ne touche d’ailleurs AUCUN avantage financier ou même matériel avec ces hyperliens fournis.
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