Diriger une radio, ça ressemble à plusieurs égards à la direction d’une garderie. Ça vous choque ? Et pourtant…
Chacun boude dans son coin
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours assisté à certaines (petites ?) tensions entre les ventes et la programmation/musique, incluant le personnel en ondes. Pas toujours virulentes, mais elles existent.
J’ai commencé dans le domaine en 1992. Ça fera bientôt 30 ans. Ç’a toujours été comme ça.
C’est vrai en radio privée, mais n’allez pas croire que ça n’existe pas non plus en radio communautaire.
Qui est bien souvent responsable de ces tensions sans nécessairement s’en rendre compte ?
Commencez-vous à comprendre à quoi je veux en venir ? C’est le sujet de mon billet, soit dit en passant.
L’œuf ou la poule
Le problème est le suivant.
Les représentants publicitaires clament — quelquefois très haut et très fort — que sans l’argent qu’ils rapportent, la programmation n’existerait pas.
De l’autre côté, au secteur de la programmation/musique, on rétorque que s’il n’y avait pas de produit en ondes, il n’y aurait rien à vendre.
C’est un peu le débat de l’œuf ou la poule. Lequel des deux vient en premier ? Une programmation, puis l’argent ? Ou de l’argent et ensuite des émissions ?
Or, c’est justement l’un des principaux problèmes.
Ce débat de l’œuf ou la poule, ou du service des ventes c. la programmation, ça ne devait pas exister.
Respect, respect, respect
Un conseil : ne mettez AUCUN des deux services sur un piédestal.
En tout cas, arrangez-vous pour qu’aucun d’entre eux n’ait l’impression que vous accordez davantage d’importance à l’un plus qu’à l’autre.
Comme dans une garderie.
Ne dites pas à Émile qu’il est plus gentil qu’Alexandre, ou encore que les cheveux de Clara sont plus beaux que ceux de Suzie.
Quelques dirigeants en radio ont la (très, TRÈS) fâcheuse manie de percevoir les animateurs comme des denrées prêtes à consommer et à jeter.
Alors qu’à l’inverse, ils mettent leurs représentants commerciaux sur un piédestal.
« De bons vendeurs, ça ne court pas les coins de rue. Des animateurs radio, on en trouve partout qui veulent faire le boulot. »
Comme c’est malheureux.
Je sais que d’excellents représentants publicitaires, qui connaissent la radio de surcroît, on n’en trouve pas à tous les coins de rues.
À l’inverse, on pourrait trouver demain matin une incroyable quantité de jeunes loups affamés d’un boulot en ondes.
Mais que gagne-t-on au juste à faire briller une auréole de sainteté au-dessus de la tête de nos représentants commerciaux ?
Réponse : RIEN.
Un brin de lucidité, s.v.p.
Si votre ou vos représentants publicitaires ne travaillent pas en étroite collaboration avec les responsables des programmes et de la musique ainsi que vos animateurs, votre navire risque tôt ou tard de frapper un récif.
De l’autre côté, si votre programmation n’est pas construite afin d’offrir un maximum de chance aux représentants commerciaux, c’est le chômage annoncé pour plusieurs de vos employés dans un avenir rapproché.
Il faut savoir concilier les deux et c’est souvent à l’absence de telles tensions qu’on reconnaîtra le bon dirigeant.
Comment reconnaît-on un bon dirigeant en radio ? Voilà !
Il sait aplanir ces petites tensions qui existeront toujours entre les vendeurs et le personnel de la programmation/musique, incluant le personnel en ondes.
Une radio qui connaît peu ou même à peu près pas de tension entre les ventes et la programmation/musique, c’est généralement une station qui avance rondement.
Les vendeurs sont heureux, ils vendent vite et bien. Les animateurs ne sont pas menacés de licenciement. Le climat de travail est sain.
Rappelez-vous que tant les animateurs radio que les bons représentants commerciaux ont quelquefois un ego (un tout petit peu) surdimensionné.
Alors, pour ne pas que le petit Émile se croit supérieur au petit Alexandre, et vice versa, autant ne pas trop gonfler leur ego.
Bref, un peu comme à la garderie.
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