Rarement Démocrates et Républicains se seront-ils entendus aussi facilement sur un même sujet, et c’est… la radio AM.
Apparemment morte, mais pas vraiment morte
Si dans le film de 1998, c’est le soldat Ryan que les Américains souhaitaient sauver, c’est maintenant la radio AM qu’ils espèrent préserver en 2023.
Depuis quelques années, plusieurs en effet tiennent la radio AM, sinon pour morte, disons en tout cas sur une pente descendante.
D’ailleurs, plusieurs manufacturiers automobiles ont décidé de sortir la radio AM de l’habitacle des véhicules.
Ceux-ci prétextent en outre que la motorisation électrique créeraient, affirment-ils, des interférences et nuisent à la réception des ondes AM.
Or, une coalition bipartite formée de sénateurs et d’élus américains à la Chambre des représentants souhaite leur barrer la voie.
La coalition vient en effet de présenter un projet de loi qui permettrait à l’État d’imposer la présence de la radio AM dans les nouveaux véhicules, et ce, sans frais supplémentaires. Le projet loi s’intitule ‘AM for Every Vehicle Act’.
Un coup de semonce tiré dès lan dernier
Dès l’an dernier, le sénateur démocrate du Massachussetts, Edward J. Markey avait tiré un premier coup de semonce.
Celui-ci avait envoyé une lettre à une vingtaine de manufacturiers automobiles, dans laquelle il demandait de maintenir l’accès à la radio AM dans leurs véhicules.
Parmi ces constructeurs ciblés, pas moins de huit avaient déjà complètement supprimé ou commencé à supprimer la radio AM de leurs nouveaux modèles. Soit BMW, Ford, Mazda, Polestar, Rivian, Tesla, Volkswagen et Volvo.
Il est important de préciser que, pour l’heure, la radio FM n’est pas la cible des constructeurs. Du moins, pas actuellement.
Car, contrairement à la radio AM, les ondes FM ne subiraient pas l’interférence du moteur et du filage des nouveaux véhicules électriques.
Si elle est adoptée, la loi ordonnerait à la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), c‘est-à-dire le régulateur américain de la sécurité automobile, d’obliger les constructeurs automobiles à maintenir la radio AM dans leurs véhicules sans frais ni surtaxe.
La loi contraindrait également le gouvernement à étudier la possibilité que d’autres systèmes puissent reproduire pleinement la portée et l’efficacité de la radio AM.
On sait que l’internet n’offre pas un accès aussi universel que la radio hertzienne. Dans la mesure où il est nécessaire d’une part de payer pour avoir accès à un forfait de données si l’on souhaite obtenir des contenus multimédias en direct à bord de l’habitacle, et que, d’autre part, la couverture cellulaire du territoire nord-américain n’est pas efficace partout.
Mais, pourquoi souhaite-t-on autant sauver la radio traditionnelle dans les véhicules ?
Une question essentiellement de sécurité
Depuis des décennies, la radio AM, et la radio FM évidemment, ont toujours été des outils essentiels et gratuits pour partager des informations dans les situations d’urgence. Qu’il s’agisse de disséminer des alertes publiques, transmettre les conditions méléorologiques, ou encore de livrer des bulletins de circulation à jour.
D’ailleurs, des chiffres de la firme Nielsen nous apprenaient récemment que plus de 80 millions d’Américains écoutent encore la radio AM à tous les mois.
La coalition formée de politiciens américains soutient que les constructeurs automobiles ne devraient pas désactiver la radio AM dans les nouveaux véhicules ou en faire payer l’accès.
Le porte-parole de la coalition, le sénateur Markey termine en disant que si Elon Musk a les moyens d’acheter Twitter et d’envoyer des fusées dans l’espace, lui et ses collègues de l’industrie ont certainement les moyens de garder la radio AM dans leurs nouvelles voitures, au lieu de mettre en péril la sécurité publique et les interventions d’urgence.