(Par Simon Forgues) – Statistique Canada a dévoilé aujourd’hui (16 juin 2015) les recettes d’exploitation des radiodiffuseurs privés en 2014.
S’il faut en croire ces résultats, l’année 2014 s’est avérée plutôt stable chez les radiodiffuseurs privés canadiens. La baisse totale des revenus d’exploitation n’a été que de 0,5 % par rapport à l’année précédente, ce qui a permis de faire entrer 1,6 milliard de dollars dans les coffres des radios privées.
Statistique Canada précise qu’il s’agit d’une première diminution des recettes depuis 2009. Mais il reste que les frais d’exploitation sont de plus en plus élevés, ce qui, on s’en doute, se traduit inévitablement par une diminution des profits.
Fait à noter, seule la province de Québec a connu une hausse de la marge bénéficiaire, alors que partout ailleurs au pays, les profits sont en baisse.
Baisse de la publicité locale, hausse de la publicité nationale ou réseau
Un phénomène auquel on assiste de plus en plus dans les stations radiophoniques privées, c’est la baisse des ventes locales, tandis que la publicité nationale et en réseau connaît une croissance.
L’an dernier par exemple, jamais les ventes de publicité locale n’avaient-elles été aussi faibles dans toute l’histoire de la radio au pays, soit 67,7 % des recettes d’exploitation. En contrepartie, la publicité nationale ou encore en réseau génère maintenant près du tiers de la tarte, soit 30,8 % des revenus.
Il n’est pas étonnant, selon moi, qu’on assiste à une telle mutation de l’achat publicitaire à la radio. La tendance est au réseau.
Les radios privées, et ce, même dans des marchés relativement petits en comparaison avec Montréal et Toronto, pensons en outre à l’Abitibi ou le Bas-Saint-Laurent, passent de plus en plus entre les mains de grandes entreprises médiatiques telles que Bell Média ou encore Corus Entertainment. L’entrepreneuriat local en radio n’est plus ce qu’il était. Les gros avalent les petits.
Invariablement, ces grandes entreprises se dotent d’un réseau de représentation centralisé et créent des forfaits (mix médias) qui incluent non seulement leurs stations radiophoniques mais aussi leurs autres produits médiatiques tels que l’affichage, la télévision, l’imprimé dans certains cas et, bien sûr, leurs différents sites Web. Un incontournable en 2015.
Ce qui fait qu’une même campagne promotionnelle se décline maintenant en simultané sur une multitude de plate-formes plus que jamais auparavant. Pour eux, et on l’entend de plus en plus en ondes avec l’accroissement du nombre d’émissions en réseau provenant de Montréal et Toronto, la radio n’est plus un média de proximité mais un simple canal publicitaire comme les autres.
Encore un peu moins de stations AM
En terminant, parlons du nombre de stations encore existantes au pays, et, plus particulièrement, des stations AM qui sont encore un peu moins nombreuses au Canada.
Il semblerait que le déclin ralentisse toutefois comparativement aux dernières années.
Les radios AM sont en effet passées de 128 en 2013 à 126 en 2014. Une diminution d’à peine 2 stations.
On se rappellera qu’on a connu des années – entre 2008 et 2012 notamment – au cours desquelles les stations AM se convertissaient à la bande FM en très grand nombre ou même, dans certains cas, mourraient carrément.
Celles qui demeurent en opération ont manifestement un auditoire très fidèle et la bande AM se prêtent sans doute plutôt bien à leurs besoins. Les anglophones ont un dicton pour ça : If it ain’t broke, don’t fix it. Littéralement, si ce n’est pas brisé, ne le répare pas.
Il faut tout de même préciser aussi que dans les grands centres urbains particulièrement, les fréquences FM sont rarissimes, ce qui, on s’en doute, contraint pas mal de radios AM à demeurer là où elles sont plutôt que de franchir le pas vers la bande FM.
(Source : Statistique Canada)
Les commentaires sont fermés.