Pendant qu’au Canada, le gouvernement fédéral refuse obstinément de taxer et d’imposer les géants de l’univers numérique tels que Facebook et Google, en France certains vont jusqu’à évoquer d’y mettre la hache. Rien de moins.
De premières initiatives
À ce jour, une seule province canadienne a déjà instauré une taxe numérique : le Québec. En fait, on y perçoit la taxe de vente du Québec (TVQ) sur les produits numériques depuis le 1er janvier 2019. Les exploitants de plateformes numériques désignées sont en effet contraints d’adhérer au fichier de la TVQ pour les fournisseurs hors Québec.
Maia au fédéral? Rien encore sur l’écran radar.
De l’autre côté de l’océan, une loi française promulguée le 11 juillet vient de créer un impôt sur le chiffre d’affaires réalisé par les grandes entreprises de l’internet. Ailleurs aussi dans l’Union européenne, on réfléchit à différentes façons de mettre au pas ces géants.
Certains vont même très loin dans leur réflexion et réclament des actions avec davantage de mordant. Comme Sébastien Soriano, le président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (l’Arcep).
Mettre la hache dans ces monopoles
Dans un entretien avec France Inter dont le site Clubic.com reprend quelques extraits, le président de l’Arcep va jusqu’à évoquer un démantèlement pur et simple des géants de l’internet, communément appelés les GAFAM∗ afin de freiner leur montée en puissance de plus en plus préoccupante à travers le monde.
* : acronyme formé de la première lettre des entreprises Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
Afin de mater ces hydres à têtes multiples, peut-être faudrait-il permettre aux autorités régulatrices de donner un bon coup de hache afin d’annuler certaines ou même toutes les acquisitions faites par ces entreprises qui leur auront permis de grossir à tel point.
On peut songer ici à Facebook qui s’est porté acquéreur de WhatsApp et Instagram, ainsi qu’à Google qui a acquis YouTube, Android et Waze en outre.
Comment en effet ne pas être préoccupé lorsqu’on sait que Facebook travaille même ces jours-ci à la création de sa propre cryptomonnaie pour laquelle il nourrit évidemment des ambitions planétaires, mais qui pourrait venir chambouler considérablement l’économie des nations?
C’est dire le poids disproportionné que ces entreprises ont pris dans l’économie mondiale.
Créer de la compétition
Enfin, le grand patron de l’Arcep mentionne qu’il faudrait également réunir les conditions nécessaires à la création de concurrents capables de rivaliser avec les GAFAM et ainsi offrir de réelles alternatives aux consommateurs.
Qu’en pensez-vous? Démanteler Google, Facebook et Amazon à la pièce? Ou plutôt mettre en place toutes les conditions favorables à l’émergence de rivaux capables de leur faire compétition? Peut-être même en nationalisant certains services numériques, dont l’accès internet lui-même, comme s’interrogeait Guy Fournier dans une chronique parue en août dernier.
Dans un ordre d’idée à peu près comparable, on pourrait reprendre à l’échelle canadienne l’exemple des 3 géants des télécommunications que sont Rogers, Telus et Bell. Vaudrait-il mieux freiner leurs efforts de croissance, voire carrément leur mettre les bâtons dans les roues? Ou plutôt contribuer à la montée de plus petits joueurs afin de diversifier l’offre? Quitte à peut-être même créer une entreprise nationale de communication sans fil.
Certains évoqueront sans doute l’expérience Pétro-Canada des années 1980 comme exemple de nationalisation ratée. C’est vrai.
Mais toutes les options méritent sans doute d’être envisagées si l’on souhaite faire courber l’échine de ces multinationales devenues incontrôlables. Je terminerai d’ailleurs avec une petite suggestion de lecture afin de mieux comprendre à quel point Google est devenue une pieuvre aux tentacules innombrables.
Consultez cette page Wikipédia où l’on répertorie toutes les acquisitions depuis la création de l’entreprise. Hallucinant, n’est-ce pas? C’est sans doute un peu pour ça, qu’à bien y réfléchir, l’idée de la hache n’est peut-être pas si folle que ça.
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