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Juil 07
Le logo de Facebook qui est tombé

10 raisons pour lesquelles le Canada doit réaffecter son budget publicitaire aux médias d’ici

[OPINION] Depuis l’annonce par Meta de la fin du partage des nouvelles canadiennes sur Facebook et Instagram, le gouvernement fédéral a réagi en suspendant ses dépenses publicitaires sur les deux plateformes. C’est bien. Mais, on peut quand même s’interroger d’une part sur l’impact réel de la mesure, et, d’autre part, en quoi aidera-t-elle les médias canadiens ? Alors, voici 10 raisons pour lesquelles le gouvernement du Canada doit absolument réaffecter ce budget publicitaire aux médias canadiens.

Maintenant… et pour toujours

Avant toute chose, je tiens à rappeler que dans un texte précédent (« [OPINION] Le fédéral doit prendre le budget publicitaire de Meta et l’envoyer aux médias »), j’écrivais que l’idée de réaffecter aux médias canadiens les sommes jadis allouées à Instagram et Facebook ne relevait pas du fantasme ou de l’utopie mais plutôt du gros bon sens.

J’y affirmais même que la mesure ne devrait pas être que temporaire, mais qu’elle devrait plutôt être permanente.

Aujourd’hui, non seulement je persiste et je signe, mais j’énonce pas moins de 10 raisons pour lesquelles, selon moi, le gouvernement du Canada doit ABSOLUMENT réaffecter ce budget publicitaire aux médias canadiens. Allons-y…

 

1. Préserver notre démocratie

Les médias canadiens jouent un rôle essentiel dans notre société, quoiqu’en disent leurs détracteurs.

Ils sont, pour ainsi dire, les chiens de garde de la démocratie. En fournissant des informations fiables et en informant les citoyens canadiens d’événements locaux, nationaux et internationaux.

Or, confrontés depuis des années à une baisse marquée de leurs revenus (en grande partie à cause du parasitage de l’assiette publicitaire par les géants du web), leur capacité à fournir un journalisme de qualité est sérieusement compromise.

Moins les gens consomment leurs médias, moins ceux-ci ont les moyens de faire du journalisme de qualité. Et moins ils font du journalisme de qualité, moins les gens les consomment.

Et ça, c’est un cercle vicieux.

Toutefois, on peut espérer s’en sortir. En réaffectant ce budget publicitaire aux médias canadiens, le fédéral soutient par la même occasion notre démocratie.

 

2. Favoriser la diversité médiatique

En démocratie justement, la diversité médiatique joue un rôle crucial. Permettre la pluralité des voix et des opinions.

N’est-ce pas l’écrivain français Nicolas Boileau qui écrivit un jour que « du choc des idées jaillit la lumière » ?

Ce n’est certainement pas en faisant disparaître nombre de voix éditoriales, comme risque de le faire Meta, qu’on renforce la démocratie et garantit un accès équitable à l’information pour tous les Canadiens.

Notre gouvernement a une part de responsabilité dans le maintien d’une pluralité de voix et d’opinions.

En soutenant les médias du pays, le gouvernement contribuera à préserver la diversité médiatique et s’assurera que différentes perspectives soient représentées.

 

3. Promouvoir la transparence et la responsabilité

Les médias canadiens sont soumis à des normes éthiques strictes et sont responsables en outre de la véracité de leurs informations.

À titre d’exemple, les radios comme les nôtres sont toutes titulaires d’une licence de radiodiffusion en bonne et due forme.

Elle se plient entre autres à une multitude de lois, de règles et de normes, et ce, dans leurs différentes activités : création orale, publicité, contenu canadien, quotas musicaux, éthique journalistique, etc.

En investissant dans ces médias, le gouvernement encourage la transparence et la responsabilité dans la diffusion de l’information.

C’est un rempart contre la désinformation et la dissémination de fausses nouvelles de plus en plus préoccupantes dans l’univers médiatique en ligne.

 

4. Protéger des milliers d’emplois

La crise des revenus publicitaires s’est fait ressentir directement sur les emplois dans l’industrie des médias. Nombre de médias canadiens ont dû en effet réduire leurs effectifs ou même fermer leurs portes en raison de difficultés financières.

En réallouant son budget publicitaire aux médias canadiens, le gouvernement peut ainsi contribuer favorablement à préserver des emplois dans ce secteur et stimuler la croissance économique.

 

5. Encourager l’innovation

En réinvestissant dans les médias canadiens des sommes jadis dépensées dans des entreprises étrangères, notre gouvernement encourage également l’innovation.

Les médias canadiens ont besoin de ressources pour se réinventer et s’adapter aux nouvelles réalités du paysage médiatique numérique.

Cependant, comment peuvent-ils y parvenir convenablement, alors que les géants du web siphonnent jusqu’à 80 % des revenus publicitaires numériques ?

Soutenir financièrement des Canadiens par le biais d’un budget publicitaire dépensé jusque-là chez les entreprises étrangères, c’est permettre à nos médias de rester compétitifs et stimuler l’émergence d’initiatives numériques novatrices.

 

6. Renforcer la souveraineté médiatique

La dépendance croissante des médias canadiens vis-à-vis les géants du web tels que Meta et Google ne fait plus de sens.

Aucun État du globe ne souhaite que ses médias soient asservis par des puissances étrangères; l’on compromet rien de moins que notre souveraineté médiatique et culturelle.

Réallouer aux médias canadiens un budget publicitaire autrefois destiné aux géants étrangers que sont Meta et Google, c’est contribuer au renforcement de notre écosystème médiatique.

On s’assure donc que nos médias aient les ressources nécessaires pour prospérer et continuer à servir les intérêts du public d’ici.

 

7. Préserver l’accès à l’information pour tous les Canadiens

De nombreux Canadiens s’informent sur Facebook et Instagram. C’est un fait. Or, en interdisant désormais le partage et la lecture de nouvelles issues des médias canadiens, Meta prive ceux-ci d’un accès à l’information.

En réaffectant à des médias canadiens le budget publicitaire qu’il consacrait jusque-là à Meta, le gouvernement fédéral s’assure que les Canadiens continuent d’avoir accès à une diversité d’informations provenant de sources fiables dont les activités se trouvent compromises par les comportements irresponsables et dangereux de Meta.

 

8. Joindre le geste à la parole

La loi C-18 a été créée afin de contraindre les géants du web à rémunérer les médias pour les contenus journalistiques partagés ou réutilisés sur leurs plateformes, comme Facebook et Instagram.

L’idée n’est pas dénuée d’intérêt, certes. Sauf qu’en prenant son budget publicitaire destiné jusque-là à Facebook et Instagram, puis en l’envoyant désormais vers les médias canadiens, le gouvernement enverra un signal clair et sans équivoque.

Il joint le geste à la parole et prouve qu’il soutient l’idée d’une rémunération juste et équitable pour le contenu journalistique. De cette façon, on encourage les médias à continuer de produire un journalisme de qualité et à investir notamment dans des enquêtes approfondies.

 

9. Rétablir l’équilibre entre les géants du web et les médias canadiens

Il faut rétablir l’équilibre. C’est urgent. Nombre d’États à travers le globe ont les yeux rivés sur le Canada et y travaillent eux aussi. Les géants du web comme Meta et Google sont devenus trop imposants.

Leur influence est telle qu’ils se croient désormais permis de bafouer jusqu’à notre démocratie en faisant fi des lois. Incroyable !

Le gouvernement peut contribuer à rétablir l’équilibre. Comment ? En cessant notamment de financer les géants du web, puis en réaffectant ces sommes vers des médias locaux et canadiens.

Ainsi, on garantit que les médias canadiens aient une voix forte et qu’ils ne soient pas éclipsés par des plateformes numériques démesurément puissantes.

 

10. Renforcer la confiance du public dans les médias

Enfin, il faut l’admettre, la crise des revenus publicitaires et la diffusion de fausses informations ont miné la confiance du public envers leurs médias. Il faut redonner à ceux-ci l’opportunité de regagner la confiance du public.

Le gouvernement peut le faire s’il prouve qu’il leur accorde lui-même sa confiance et s’il s’engage à promouvoir un journalisme de qualité, plutôt que de dépenser nos taxes et nos impôts dans des plateformes étrangères.

Cela contribuera à renforcer la confiance du public dans les médias et à restaurer leur rôle essentiel dans notre société.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

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