[OPINION] L’été dernier, Meta bloquait l’accès aux articles des médias canadiens sur ses plateformes (Facebook et Instagram). Elle réagissait ainsi de façon drastique à la Loi sur les nouvelles en ligne (C-18) à laquelle elle refusait de se conformer. Que fait-elle un an plus tard ? Elle fait fi de la loi C-18 en toute impunité.
On a appris récemment dans un article choc du Washington Post (« Meta walked away from news. Now the company’s using it for AI content. ») que l’entreprise a recours aux nouvelles produites par les médias.
Pourquoi et comment ? Pour aider son intelligence artificielle à répondre aux questions qu’on lui pose. Rien de moins.
Elle le fait apparemment avec des médias américains et, pis encore, elle le fait aussi avec… les médias canadiens.
En un mot comme en mille, Meta entraîne sa nouvelle intelligence artificielle avec le même contenu journalistique canadien auquel les usagers de ses plateformes n’ont plus accès eux-mêmes.
Ironique, n’est-ce pas ?
Disons-le poliment. Comme exemple d’hypocrisie, on peut difficilement trouver mieux. Ou pire, c’est selon.
N’est-il pas ironique en effet que l’entreprise, qui s’était même permis une campagne publicitaire mensongère au sujet de la loi C-18, continue d’utiliser les contenus des médias canadiens dont elle refuse pourtant l’accès à ses plateformes ?
Parlez-moi d’un manque de logique et de cohérence.
Une tendance pourtant lourde dans l’industrie de l’IA
Meta s’est-elle pliée aux exigences de la loi C-18 de verser des compensations financières aux médias canadiens afin d’utiliser leurs divers contenus sur ses plateformes ?
Que je sache, non. Le fera-t-elle ? Permettez-moi d’en douter.
Pourquoi alors contourne-t-elle les règles impunément en utilisant les contenus des médias canadiens pour fournir des réponses à ses utilisateurs ?
Dans certaines circonstances, l’intelligence artificielle irait même jusqu’à recopier des pans entiers d’articles de presse qu’elle recrache en réponse aux questions qui lui sont posées, sans en changer un seul mot. Wow ! C’est fou, non ?
Mais au fond, Meta ne fait que suivre une tendance lourde dans l’industrie de l’IA. N’avoir aucune éthique ni transparence. Tout simplement.
Pour démonstration éloquente, on peut simplement pointer du doigt le cas récent d’OpenAI qui est allée jusqu’à s’offrir le luxe d’utiliser la voix de l’actrice Scarlett Johansson pour son intelligence artificielle, sans même qu’elle en ait donné le consentement.
Une étude américaine sur l’audio générative publiée récemment par une doctorante en technologies et comportements sociaux en avait également étalées généreusement toutes les preuves.
Peut-être serait-il temps qu’on planche sur les façons d’encadrer un peu mieux les activités de cette industrie naissante. Mais, c’est une autre histoire.
Entretemps, que fera le gouvernement du Canada pour, au mieux contraindre Meta à verser les redevances qu’elle doit aux médias, ou, au pis-aller, au moins stopper ce pillage éhonté des contenus journalistiques canadiens ? C’est à voir.
Pour l’heure, Meta doit rire dans sa barbe. Puisqu’elle contourne, et ce, en toute impunité, une loi édentée – et déjà un peu dépassée – à laquelle elle refusait de se plier pas plus tard que l’an dernier.
Non mais, quelle aberration quand on y songe deux secondes.