Cet article publié par Les Échos (« La publicité en ligne vaut-elle vraiment tous ces investissements ? ») est éloquent. Personnellement, j’y lis une chose évidente : sans une réflexion en amont, pas de résultats en aval.
Meilleurs sont les conseillers, meilleurs sont les conseils
Pourquoi les consommateurs croient-ils d’une part que les médias dits « traditionnels » sont plus efficaces que l’univers numérique pour les guider dans leurs achats ? Prenez le temps d’y réfléchir.
Et, d’autre part, pourquoi une majorité d’entre eux (62 %) jugent-ils la publicité en ligne intrusive ?
C’est en partie parce que sur le web, tout le monde peut s’improviser spécialiste de la publicité.
Des « spécialistes » improvisés de la publicité sur internet, vous en trouverez plus qu’il n’en faut.
À l’inverse, à la radio, à la télé ou dans les journaux locaux, vos conseillers publicitaires connaissent leur produit et sont là pour guider leur client.
Ceci explique un peu cela, selon moi.
Ils travaillent dans un bureau de votre région, peut-être même dans votre propre ville, et vous pouvez les joindre par courriel bien sûr mais surtout au téléphone.
Dans bien des cas, ils se déplaceront même dans votre commerce afin de constater de visu le type de clientèle, les produits que vous commercialisez et ainsi mieux comprendre vos besoins et vous orienter.
Avez-vous essayez d’appeler un conseiller publicitaire de Facebook récemment ? Bonne chance.
À chacun son métier et les vaches seront bien gardées
Soyons réalistes. Un restaurateur, aussi intelligent et si bon gestionnaire soit-il n’est pas forcément un expert en marketing et en publicité.
Pas plus d’ailleurs que le fleuriste ou l’épicier du coin de la rue. Bon, il y a des exceptions, je vous l’accorde.
Mais comme dirait le vieil adage, à chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
C’est bien l’un des problèmes de la publicité sur internet, d’ailleurs.
Trop de gens s’improvisent publicitaires alors qu’ils n’en n’ont ni les compétences, ni même la formation.
Attention! Ça ne veut pas dire que leurs efforts sont tous coiffés d’un échec. Loin de là!
On pourrait facilement trouver de brillants exemples de campagnes numériques très efficaces, pourtant peu coûteuses et qui n’ont d’ailleurs pas toujours été réalisées par des professionnels.
Mais tous les annonceurs en ont-ils réellement pour leur argent? Hum! Pas sûr.
Des dépenses irréfléchies
L’an dernier, près de 5 milliards d’euros (7,5 milliards $CA) ont été dépensés en publicité numérique par les annonceurs français, nous apprend l’article paru dans Les Échos.
Au Canada? Les dépenses en publicité numérique se sont élevées à 7,72 milliards $CA durant la même année.
Des dépenses presque identiques, sauf que…
On dénombre 33 millions d’utilisateurs d’internet au Canada, alors qu’on en compte 53,1 millions en France. Faites le compte.
(Sources : 1 et 2)
En clair, ça signifie que les internautes français ont été interpellés chacun par un budget publicitaire de plus de 141 $CA sur le web en 2018, pendant que ceux du Canada l’ont été par… 234 $CA en matraquage publicitaire numérique.
Faut-il alors s’étonner que les Canadiens soient si écœurés par la pub en ligne et installent des bloqueurs de publicité en si grand nombre ?
Posez la question, c’est y répondre.
Mais avec de telles dépenses, on est en droit de se demander si les résultats ont été au moins au rendez-vous pour les annonceurs canadiens sur le Web.
Honnêtement, c’est difficile à dire.
N’empêche que notre restaurateur, notre fleuriste et notre épicier de tantôt auraient dû réfléchir à leur stratégie.
Faire de la pub en ligne, ce n’est pas simplement se fier aux conseils d’obscurs spécialistes du web ou, pire encore, aux algorithmes de Facebook et Google qui vous suggèrent de surenchérir sur tels ou tels mots-clics.
S’ils avaient plutôt appelé la radio de leur ville, on aurait sans doute pu leur proposer des publicités mieux adaptées, dans la limite de leur budget, diffusés au bon moment et au bon public, et ce, avec de bien meilleurs résultats.
Mais là aussi, diront de mauvaises langues, on nage en pleine spéculation. Ça, je l’avoue.
Or, un fait demeure quand même. Les dépenses irréfléchies sont souvent les plus coûteuses.
Et pour les dépenses irréfléchies en publicité numérique, on a l’air d’être pas mal bon là-dedans au Canada.
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