Les liens sponsorisés. Phénomène qui se répand sur le web comme une traînée de poudre. Faut-il s’inquiéter de la fusion possible de Taboola et Outbrain ? L’Autorité britannique de la concurrence et des marchés (Competition and Markets Authority) le pense.
Un phénomène impossible à manquer
Taboola et Outbrain. Ces noms vous disent assurément quelque chose; vous les voyez partout sur le web.
Parmi les sites réputés qui en affichent, le réseau américain CNN, AOL et la vénérable BBC.
Des contenus déguisés en nouvelles, avec les couleurs et la charte graphique des sites où ils apparaissent. Mais, ne vous y trompez pas.
Bien que ça ressemble à des nouvelles, c’est bel et bien de la publicité.
Pourquoi les éditeurs de contenus numériques les apprécient-ils ?
C’est qu’à chaque fois qu’un visiteur clique un lien pour consulter ces contenus, ils touchent une part des revenus.
Voilà le fonctionnement résumé en quelques mots.
Ici, sur un site d’information bien connu dont j’ai flouté le logo.
La menace d’un 3e géant
En octobre dernier, les deux grandes entreprises de liens sponsorisés Outbrain et Taboola annonçaient leur fusion. On apprenait qu’ensemble, elles rejoindraient plus de 2 milliards d’internautes à chaque mois.
En fait, près de 2,6 milliards. Soit environ 1,4 milliard pour Taboola et 1,2 milliard pour Outbrain.
L’entreprise ainsi formée pourraient devenir le plus proche rival de Facebook et Google en disséminant des contenus payants sur quelque 20 000 sites.
“By joining forces, we’ll be able to create a more robust competitor to Facebook and Google, giving advertisers a more meaningful choice”, écrivaient-ils dans un communiqué.
(Traduction : En joignant nos forces, nous allons être en mesure de créer un compétiteur robuste à Facebook et Google, et ainsi offrir aux annonceurs un choix significatif.)
Les autorités de régulation des marchés s’inquiètent
En Grande-Bretagne, l’Autorité britannique de la concurrence et des marchés a levé un drapeau rouge il y a quelques jours à peine.
La fusion serait loin de créer une situation gagnante pour les éditeurs de presse en ligne.
En fait, contrairement aux prétentions des deux entreprises, elle pourrait empirer davantage les conditions déjà précaires des éditeurs en ligne et entamer encore plus l’assiette publicitaire que s’accaparent déjà largement les géants numériques.
À titre d’exemple, pour chaque nouveau dollar qui est dépensé en publicité numérique, Facebook et Google engrangent 0,92 $ tandis que le reste de l’industrie numérique ne recueille que 0,08 $.
Il appert, selon les autorités, que la fusion pourrait représenter à terme des baisses de revenus significatifs pour les éditeurs de contenus en ligne qui afficheraient les liens sponsorisés de la nouvelle entité, ou réduire en tout cas considérablement l’offre et le pouvoir de négocier de meilleures redevances.
Bref, le mariage Taboola/Outbrain au coût de 250 M$ devra donc passer à travers une seconde étape d’investigation avant de se concrétiser.
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