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Juin 20
Jeune femme qui hausse les épaules

L’écoute de la radio sur les ondes hertziennes est en berne ? Ouin, pis !?!

Quiconque est convaincu que la radiodiffusion est en train de disparaître au profit des podcasts, ou encore les playlists de Spotify, est un peu à côté de la plaque. On va se le dire franchement.

Un concept facile à comprendre

D’abord, la radiodiffusion, c’est quoi ? C’est un concept assez facile à comprendre.

On diffuse un message audio par le biais d’un dispositif situé à distance de celui qui l’écoute.

Un émetteur d’un côté; un récepteur de l’autre. Entre les deux, un mode de transmission. Pas plus compliqué que ça.

Hé, oui ! Parfois, la technologie, c’est simple et facile comme ça.

Bien sûr que je simplifie. C’est évident. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué comme procédé.

N’empêche qu’on n’est pas très loin du concept radiophonique avec cette courte explication.

Au fond, que faisait le type avec un porte-voix pour crier les nouvelles sur la place publique au XVIIe ou XVIIIe siècle ?

Il propageait une onde sonore à distance par le biais d’un dispositif assurant une meilleure dispersion du son dans l’espace.

Il ne lui manquait donc pas grand-chose pour que ça s’appelle de la radio. Pensez-y.

Il lui manquait la technologie d’un poste émetteur et d’une antenne pour que ça se rende plus loin. Puis, à l’autre bout, un poste récepteur pour capter son cri amplifié.

Mais son émetteur, c’était ses cordes vocales pour émettre. Son antenne, un porte-voix pour que ça aille plus loin. Son récepteur, c’était les paires d’oreilles qui l’entendaient.

Rien d’électronique. Mais, l’idée était la même.

 

Ce qu’on perd à une place, on le gagne à l’autre

Aujourd’hui, on utilise un micro ainsi qu’une série d’équipements.

Entre l’émetteur et l’auditoire, une antenne ou une connexion internet pour transporter la voix.

Puis, à distance, un poste récepteur pour capter le signal.

Et voilà ! On reproduit essentiellement le même concept mais de façon modernisée.

Je trouve ça un peu drôle que certains s’inquiètent depuis quelques années de la baisse de l’écoute radio sur les bandes AM et FM.

Une baisse d’ailleurs pas si impressionnante que ça soit dit en passant. Pourquoi « pas si impressionnante que ça » ?

Voyons d’abord ce graphique…

 L'écoute de la radio hertzienne et des services audio en continu de 2013 à 2019, Canadiens de 18 ans et +

Source : Centre d’études sur les médias, Université Laval, mars 2021

Que remarquons-nous ?

Dans ce graphique, dont les données sont tirées du Centre d’études sur les médias de l’Université Laval, l’on constate qu’en même temps que la radio traditionnelle par ondes hertzienne (en orange) baissait au cours des dernières années, l’écoute de services audio en continu (en bleu) suivait une courbe ascendante qui était à peu près inversement proportionnelle.

Paniquant, diriez-vous ? Hum ! Pas tellement, non.

Parce que dans cette croissance de l’écoute des services audio en continu, n’oublions pas qu’il faut aussi compter l’écoute de la radio traditionnelle AM/FM en continu sur internet.

D’ailleurs, le graphique suivant en est la preuve éloquente…

Pourcentage de Canadiens (18+) ayant écouté en continu la radio traditionnelle AM/FM en ligne, de 2010 à 2019

Source : Centre d’études sur les médias, Université Laval, mars 2021

Dans ce second graphique, l’on constate qu’entre 2010 et 2019, hormis quelques creux de vague ici et là, l’écoute de la radio traditionnelle sur internet a continué de croître toutes ces années pour atteindre 24 % en 2019, soit 1 Canadien sur 4, et ce, qu’il soit anglophone et francophone.

Oui, je l’avoue. C’est peut-être paniquant pour certains de songer qu’en 2022, la transmission de la radio ne s’arrête plus à la portée d’un émetteur FM de 10 000 watts. Ici, je fais du sarcasme bien sûr.

Mais, il faut se rendre à l’évidence.

Loin de s’étioler et de mourir à petit feu, l’écoute de la radio demeure au contraire plutôt stable et même en croissance, quand on y regarde un peu plus objectivement.

Bref, ce qu’on perd d’un côté, sur le bon vieux poste récepteur, on le gagne de l’autre à travers l’écoute en ligne.

 

En 1655, un type descendait sur la place publique pour crier les nouvelles à travers un porte-voix.

En 2022, on entre en studio, et, qu’on porte le signal par le biais d’une antenne FM ou d’un service de streaming, qu’est-ce que ça change ?

L’écoute de la radio sur les ondes hertziennes est en berne ? Ouin, pis !?!

Les façons d’émettre et de recevoir le signal changent. Mais ni la forme. ni le médium ne changent.

Si vous croyez que l’humain va arrêter demain matin de communiquer par la parole à un auditeur distant, j’ai de petites nouvelles pour vous. Vous êtes dans le champ et pas qu’à peu près.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.