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Juin 21
Quelqu'un tient un journal enflammé

On a peur des fausses nouvelles… et on en redemande

[OPINION] Dans son rapport annuel 2024 (« Digital News Report 2024 ») publié par le Reuters Institute for Study of Journalism (RISJ), on apprend entre autres que la vidéo occupe une place de plus en plus importante dans la consommation d’information, mais aussi que le public s’inquiète de plus en plus des faux contenus en ligne. Notamment sur les sites comme TikTok.

Des milliers de répondants, des dizaines de pays

Le rapport apporte un nouvel éclairage sur la consommation d’informations en ligne à l’échelle mondiale, en s’appuyant sur les réponses de plus de 95 000 personnes répartis à travers 47 pays du globe.

Certaines données sont assez éloquentes, mais tout de même pas tellement surprenantes. D’autres en revanche laissent davantage songeur. On verra ça plus bas.

À titre d’exemple, on apprend en outre que les citoyens de plusieurs pays utilisent de moins en moins Facebook pour s’informer. Ici, rien de bien surprenant.

En fait, tous pays confondus, la consommation d’informations sur Facebook a diminué de 4 points de pourcentage au cours de la dernière année.

Si vous vous questionniez sur les raisons pour lesquelles Meta, la maison mère de Facebook et Instagram avait chassé les contenus journalistiques canadiens de ses plateformes et ne semblait pas pressé de les y réintégrer en versant des redevances aux éditeurs de presse, il ne faut plus chercher beaucoup plus loin.

Publiez des mèmes ou des recettes de cupcakes au micro-ondes !!! Il paraît que ça cartonne.

A contrario, les gens semblent se tourner davantage vers des plateformes vidéo (ex. : TikTok, YouTube, etc.) afin de consommer de l’information. Là encore, sans grande surprise, si l’on se fie à la montée en popularité du réseau chinois TikTok ainsi que de YouTube.

On s'inquiète de plus en plus des fausses nouvelles

Là où les résultats sont en revanche un peu plus surprenants, disons même carrément décourageants (n'ayons pas peur des mots), c'est de constater la proportion de répondants qui s'estiment préoccupés par la distinction qu'on peine de plus en plus à faire entre les vrais contenus et les faux sur le web.

Particulièrement sur... TikTok. N'est-ce pas un peu paradoxal ?

En même temps que les gens disent s'informer davantage sur les plateformes telles que TikTok, qui n'est pas particulièrement reconnu comme un modèle de transparence et d'éthique soit dit en passant, ils sont aussi de plus en plus nombreux à s'inquiéter de la désinformation et des contenus générés artificiellement. Hum ! Intéressant.

Aux États-Unis, près des trois quarts (72 %) des répondants s'en disent préoccupés, tandis qu'en Afrique du sud, c'est 8 personnes sur 10 (81 %) qui s'en inquiètent.

D'accord, il reste un bon pourcentage de gens qui ne semblent pas trop inquiets dans ces pays. En Inde, à peine plus de la moitié de la population (58 %) a l'air de s'en formaliser.

Mais ce qu'on s'aperçoit, c'est que dans tous les pays, la proportion des personnes qui s'inquiètent des faux contenus est en hausse. Ironique, non ?

C'est comme si les gens étaient devenus à ce point boulimiques d'information, surtout de vidéos viraux, qu'ils peinent à s'en détourner.

Même s'ils savent qu'ils auront de la difficulté à y discerner le vrai du faux.


Le plus ironique, c'est que la plateforme que les gens semblent de plus en plus privilégier pour obtenir des contenus d'information, c'est-à-dire TikTok, est précisément la même dont les gens semblent le plus s'inquiéter de la véracité des contenus et où il est le plus difficile de distinguer le vrai du faux.

Il y a des choses comme celles-là parfois qu'il ne faut pas chercher à comprendre. À titre de comparaison, disons que c'est un peu comme le 'fast food'.

On ne voit ni la liste d'ingrédients, ni les valeurs nutritionnelles du hamburger et des frites sur l'emballage. Mais, ça goûte bon. Tout le monde en mange. Ça se consomme vite et facilement.

Alors, on continue d'en manger jusqu'à plus faim. Même si l'on sait, ou du moins qu'on se doute que c'est néfaste pour la santé.

Vraiment, les médias établis et crédibles ne sont pas sortis de l'auberge devant un tel constat.

Continuez à mitonner de bons petits plats mijotés avec soin ; les gens consomment davantage de burgers, de frites et de boissons gazeuses.

(Source : « Digital News Report 2024 », Reuters Institute for Study of Journalism (RISJ), 17 juin 2024)

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

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