Nos publications
Mai 19
Un homme qui exprime le doute

Prenez les sondages radio avec un petit grain de sel

Les sondages radiophoniques. C’est le champagne pour les uns, les larmes pour les autres. Mais faut-il accorder tant de crédit et d’importance aux sondages ? Disons en tout cas qu’il vaut mieux en relativiser l’importance, comme l’explique Michel Colin dans ce texte sur les sondages radiophoniques.

 

Si M. Colin s’intéresse particulièrement aux représentants commerciaux ainsi qu’aux gestionnaires, je m’adresserai plutôt à ceux et celles qui sont en ondes.

Voici pourquoi vous devriez considérer les sondages avec un petit grain de sel, et ultimement vous en servir à bon escient.

 

1. D’abord, songez aux circonstances

Songez aux circonstances dans lesquelles a été réalisé le sondage. Les circonstances ? Absolument.

Les sondages d’écoute mesurent la performance à un moment déterminé. Surtout les Numéris qui sont réalisés de façon très ponctuelle.

Pire encore s’il s’agit d’un sondage d’une firme qui n’a pas forcément une expertise radio.

Certes, avec une technologie comme StatsRadio, les statistiques d’écoute sont mises à jour plus fréquemment.

StatsRadio

Mais encore là, il serait tout de même hasardeux de s’y intéresser quotidiennement au risque d’en tirer des conclusions erronées.

Il faut comprendre que plusieurs facteurs peuvent influencer les résultats.

Un gros concours peut gonfler l’intérêt pour votre station. Mais, à l’inverse, l’absence prolongée de l’animateur du matin pour un problème de santé peut modifier grandement l’écoute d’une émission, voire même la station au complet.

Voyez d’abord quelles circonstances exceptionnelles pourraient expliquer un excellent ou un très mauvais sondage. Surtout s’il s’avère complètement distinct des précédents.


2. Ensuite, essayez d’en tirer des leçons

Dans ce texte (« Que faire quand tu as de mauvais sondages ? »), je donnais quelques conseils sur la façon de s’en tirer quand on a de mauvais résultats.

Or, l’une des choses à faire avec des sondages, qu’ils soient bons ou mauvais, c’est d’essayer d’en tirer des leçons.

Un homme en train de réfléchir

Photo : Tumisu / Pixabay

Une fois qu’on a analysé les circonstances dans lesquelles le sondage a été réalisé, jetez un œil à vos performances.

Songez aux façons de vous améliorer, si les résultats sont bons. Que faites-vous de mieux que les rivaux et comment pouvez-vous faire encore mieux.

Ou, si vous connaissez une chute abrupte, pensez à ce qui pourrait avoir été fait (ou pas) entre le sondage précédent et celui-ci qui est maintenant inférieur.

Les sondages ne sont surtout pas faits pour vous asseoir sur vos lauriers.


3. Relativisez l’importance des sondages

Évidemment, lorsqu’on est dans un marché hautement compétitif comme Montréal ou Toronto, perdre quelques milliers d’auditeurs au quart d’heure peut entraîner de lourdes conséquences.

Mais, si on officie à la radio régionale où il y a peu ou même pas du tout de compétition, perdre quelques centaines d’auditeurs lors d’un sondage, est-ce si catastrophique?

Ce n’est pas intéressant, j’en conviens. Mais, on se sent un peu moins sur un siège éjectable d’un sondage à l’autre.

Des résultats en baisse n’enlèvent d’ailleurs rien à vos prouesses antérieures. Tout comme d’excellents résultats ne présage pas non plus de vos performances à venir.


4. Ne pas bomber le torse, ni jouer les fanfarons

Quand on claironne à tue-tête qu’on est le meilleur et qu’on bat les rivaux à plate couture, on risque tôt ou tard d’en payer le prix.

Héros du jour, zéro du lendemain. Ça arrive.

Je vais reprendre textuellement ce que Michel Colin écrivait dans son texte « Bon ou mauvais sondage, voici 12 bonnes raisons de relativiser l’importance de votre audience dans votre argumentaire commercial ».

« Vous êtes numéro 1 aujourd’hui, soit. Le serez-vous pour toujours ? Comment vendrez-vous si vous perdez votre leadership ? »

Voilà une excellente question ! Comme dirait le vieux dicton, lorsqu’on crache en l’air ça finit bien souvent par nous retomber sur le nez.

Mieux jouer la carte de l’humilité que de l’arrogance.


5. Regardez le portrait dans son ensemble

Voici un exemple tout à fait fictif. Supposons qu’il y ait 32 000 personnes sur votre territoire, et que, parmi elles, 3 000 sont des locuteurs francophones.

Comment espérer rejoindre 6 000 auditeurs, surtout s’il y a une ou deux autres stations anglophones qui desservent le territoire ?

Pas impossible, mais bonne chance !

Rester calme et regarder l'ensemble du portrait

Vous n’avez peut-être que 2 000 auditeurs. À première vue, ça semble infime sur un total de 32 000 personnes.

Mais songez qu’il s’agit en fait des 2/3 des francophones de la région.

Chaque fois que vous ouvrez le micro, 2 francophones sur 3 dans votre région sont potentiellement à l’écoute.


6. Vos auditeurs se moquent un peu (lire : beaucoup) des sondages

Pour les gens en radio, particulièrement les gestionnaires et les vendeurs, les sondages sont importants.

Toutefois, pour le commun des mortels qui vous écoutent religieusement d’une journée à l’autre, c’est très accessoire.

Songez vous-même à vos propres habitudes de consommation.

Vous aimez la pizza de tel restaurant parce que vous l’estimez meilleure. Allez-vous soudainement cesser de la trouver délicieuse parce qu’une poignée d’internautes ont écrit de mauvais commentaires sur la fiche Google de l’entreprise ?

Elle ne sera pas non plus meilleure parce que le restaurant jouit soudainement d’une popularité grandissante. Ce sera juste votre pizza préférée.

De la même manière, vos fidèles auditeurs ne vous trouveront sans doute pas meilleur ou pire, selon que vous ayez un sondage en hausse ou en baisse.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.