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Juin 13

Les sites de « buzz news », une plaie d’Égypte moderne

Aujourd’hui, je vais le dire parce que j’en vois trop. Beaucoup trop. Ne relayez pas les nouvelles des sites de « buzz news » (nouvelles virales) qui pullulent en ligne.

Je vous le dis parce que ça m’arrive trop souvent en consultant les réseaux sociaux de quelques stations radiophoniques d’y trouver des liens vers des sites souvent douteux. Les bras m’en tombent à chaque fois.

Relayer de telles informations n’est pas sans risque. J’espère que vous le comprenez. Surtout pour des organisations comme les vôtres. Des médias qui doivent compter sur la crédibilité que leur accorde l’auditoire pour demeurer en vie.

La voie de la facilité

Oui, je le sais. C’est tellement agréable de voir que 50 ou même 100 abonnés à notre page Facebook ont aimé une publication virale. Mais, entre vous et moi, qu’est-ce que ça donne de relayer de telles infos ? À part de récolter les « J’aime » à la pelle ?

C’est facile ? Oui, ça aussi je le sais.

Mais qu’est-ce que ça vous donne sinon de compromettre la sécurité informatique des ordinateurs de vos abonnés en les envoyant vers des sites souvent bourrés de malware et de spyware ?

Qu’est-ce que ça apporte à la station de diffuser des infos souvent complètement fausses ?

Image : OpenClipartVectors / Pixabay

Crédibilité zéro et aucun sens moral

Les salariés de ces sites de « buzz news » sont la plupart du temps des employés mal rémunérés qui ne sont assujettis à aucun des principes du journalisme professionnel. Pour eux, tout ce qui compte, ce sont les clics. Vous aimez ça envoyer le monde engraisser les tiroirs-caisses de sites entretenus par des parfaits imbéciles ?

Ces sites et leurs salariés n’adhèrent à aucune association professionnelle comme une fédération de journalistes. Ils n’ont aucun code de déontologie et ne se rapporte à aucune instance de traitement des plaintes tel qu’un ombudsman par exemple.

La seule chose à laquelle ils s’astreignent est de sortir l’info au plus vite, au risque de sombrer dans l’approximation et l’information non vérifiée voire même complètement irréelle.

C’est une jungle et vous nourrissez les vipères, les tarentules et les autres vermines qui y grouillent. Tout simplement.

Que vous-mêmes sur votre profil Facebook vouliez partager du pipi et du caca, c’est une chose. Mais de grâce, pas sur la page de l’entreprise.

Les salariés de ces sites ne disposent d’aucune formation. Pour eux, Internet est un terrain de jeu plus qu’une plateforme d’information rigoureuse. Point à la ligne.

Le pire, c’est que ça marche. On le voit. On le sait. Il existe tellement de sites de « buzz news » (nouvelles virales) de toutes sortes qui foisonnent sur Internet.

Si personne ne relayait leurs infos, fermeraient-ils ? Honnêtement, j’en doute.

La nature humaine étant ce qu’elle est, d’autres relaieront leurs cochonneries à votre place si vous ne le faites pas. Mais est-ce votre tâche d’envoyer les abonnés de vos comptes Facebook et Twitter vers des sites semblables ? Permettez-moi d’en douter.

Il y a des sites tellement mieux me semble-t-il

Il existe des sites Web réputés dont la crédibilité n’est plus à faire puisqu’ils sont entretenus par de vrais professionnels de l’information. Ça ne manque pas. Je suis pourtant surpris que certains d’entre vous refusent obstinément de partager des infos de sites professionnels sous prétexte qu’ils sont des concurrents, mais ne se gênent pas en revanche pour partager les torchons des sites de « buzz news ».

Ne vous méprenez pas.

Ici, je ne parle ni des blogueurs qui mettent leur nom et leur crédibilité en jeu dans chacun de leurs textes, ni des animateurs des réseaux sociaux qui sont pour ainsi dire de véritables concurrents des journaux en entretenant des communautés crédibles et bien gérées.

Quand je parle de sites entretenus par de parfaits imbéciles, je parle de sites Web à la noix où l’on trouve les récits de vaches emportées par des extraterrestres, de femmes dissoutes dans leur bain d’eau de mer ou encore des palmarès de photos truquées et de trucs de cuisine supposément éprouvés.

Je veux pleurer quand je vois ça dans la page Facebook d’une radio alors qu’on devrait plutôt y partager des liens vers le site Web de la municipalité ou des commerçants locaux.

Arrêtez ça et pensez-y deux petites secondes.

Vous-mêmes, comme animateur radio, vous avez étudié pendant des années dans une école réputée pour décrocher un diplôme en animation radio, et, pour une simple question d’obtenir quelques mentions « J’aime » dans Facebook, vous allez miner votre crédibilité et celle de la station ?

Je me répète. Arrêtez ça.

J’espère n’avoir froissé aucune susceptibilité mais avoir surtout contribué à un petit éveil de conscience. Je ne pointe personne. Pas du tout. Je NOUS parle à tous comme professionnels des médias. J’essaie tellement comme gestionnaire de nos communautés en ligne de me tenir loin de ça. J’espère prêcher un peu par l’exemple.

Je vous le dis, si l’on réécrivait aujourd’hui l’Ancien testament avec une dizaine de nouvelles plaies d’Égypte, je suis certain que Dieu enverrait quotidiennement au peuple d’Égypte des hyperliens vers des sites de « buzz news ». À tous, tous, tous les jours.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

1 commentaire

  1. cathy
    07/01/2019 à 03:36 ·

    Narcity en fait parti.