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Oct 30
Un jeune homme tient un téléphone cellulaire avec des écouteurs

Si on est pour rester sur la bande FM, alors autant qu’on puisse y accéder

Au Canada, comme je l’ai déjà expliqué, notre passage à la radio numérique terrestre a été sabotée il y a déjà plusieurs années.

Ailleurs dans le monde toutefois, on échafaude des échéanciers pour l’extinction des émetteurs FM.

En Suisse par exemple, on a déterminé récemment que la radio FM allait disparaître d’ici 2024 au profit de la technologie numérique.

Pas très loin de là en Norvège, le passage est bel et bien enclenché depuis cette année. La transition s’effectue d’ailleurs plutôt bien.

Fait intéressant, le Canada s’était lui aussi lancé dans un tel exercice et s’était même prononcé sur l’arrêt des émetteurs FM. C’était il y a… environ 20 ans. Trop tôt visiblement.

Un peu d’histoire…

Oui, le Canada a été en quelque sorte un précurseur en radio numérique. Notre chantier s’était amorcé vers la fin des années 1990.

Dans la Politique régissant l’implantation de la radio numérique (Avis public CRTC 1995-184) parue en 1995, on écrivait notamment qu’il semblait n’y avoir « aucun obstacle technique important à l’implantation de services de radio numérique au Canada dans un avenir rapproché. »

C’est ainsi qu’entre 1998 et 2006, le CRTCCRTC Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) est l’organisme public indépendant qui réglemente les secteurs de la radiodiffusion et des télécommunications au Canada. allait autoriser pas moins 76 entreprises de radio numérique de transition à Toronto, Windsor, Montréal, Vancouver, Victoria et Ottawa.

Avec le temps, on prétendait que la transmission numérique allait remplacer la transmission analogique sur les bandes AM et FM. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme ça.

Un peu plus de dix ans plus tard, le CRTC avait senti le besoin de remettre les pendules à l’heure et d’expliquer le bourbier dans lequel nous nous étions enfoncés.

La radio par la voie des ondes, moins coûteuse et plus efficace

Dans un pays grand comme le nôtre, où les forfaits de données mobiles restent parmi les plus dispendieux de la planète, cet échec du déploiement de la radio numérique au pays a un coût immense.

C’est vrai pour nous, les radiodiffuseurs, mais également pour les citoyens.

Dans le magazine Radio World, le président de l’organisation WorldDAB Patrick Hannon explique comme il est beaucoup plus coûteux et complexe d’entretenir un système de radiodiffusion par téléphonie mobile (avec la radio en streaming), que par le biais d’une technologie comme la DAB+.

Incidemment, même si elle coûte plus cher à déployer et à entretenir, la radio par streaming n’offre ni l’efficacité ni la fiabilité de la radio terrestre qu’elle soit numérique ou analogique.

On serait tenté de croire que plus ça coûte cher mieux c’est, mais ce n’est pas le cas.

Le beurre et l’argent du beurre

Tant et aussi longtemps que des mesures concrètes ne seront pas mises en place, on ne pourra bénéficier d’un système de radiodiffusion numérique efficace, gratuit et fiable au Canada.

On restera sur la bonne vieille bande FM, ou même la bande AM, malgré les efforts pour accoucher de solutions alternatives telles que la HD Radio.

Pourquoi?

Entre autres parce que les deux plus grandes entreprises de téléphonie sans fil au pays, à savoir Bell et Rogers, sont aussi les deux mêmes entreprises qui disposent du plus grands nombres de stations radiophoniques au pays.

Donc, que vous puissiez écouter ou non leurs radios par le biais des ondes FM a relativement peu d’importance pour elles. Tant et aussi longtemps que vous payez 45 ou 50 $ par mois pour obtenir un forfait de 2 Go de données mobiles, ça fait leur affaire.

Ça s’appelle avoir le beurre et l’argent du beurre. Ceci expliquant cela, que pourrions nous faire pour régler une partie de ce problème?

Puisqu’on le voit, ces entreprises tirent leurs revenus tant de la vente d’espaces publicitaires en ondes qu’à travers les forfaits de téléphonie sans fil vendus à prix d’or.

La seule et l’unique façon selon moi de rejoindre un maximum de citoyens canadiens, ce serait de contraindre les manufacturiers et ces entreprises de téléphonie sans fil à commercialiser des téléphones cellulaires dont la puce FM est déjà déverrouillée.

Non pas les y inciter mais plutôt les y contraindre. Point à la ligne.

Un jeune homme tient un téléphone cellulaire avec des écouteurs

(Photo : Pexels.com / licence CC0)

 

Le Mexique ce précurseur

Le Mexique l’a imposé il y a quelques mois. Bientôt, des millions de Mexicains pourront écouter la radio FM directement sur leur téléphone cellulaire. Tous les manufacturiers de téléphones cellulaires devront désormais activer le récepteur FM déjà installé dans les appareils vendus, sinon…

Sinon quoi? Le marché mexicain leur sera complètement fermé. Un pays de 112 millions d’habitants, soit la 12e plus large économie mondiale et la 2e plus importante en Amérique latine.

Si le Mexique l’a fait, pourquoi pas le Canada? On est quand même l’un des plus grands pays industrialisés du monde.

Le CRTC a déjà fait tomber plusieurs obstacles dans le domaine de la téléphonie cellulaire au Canada. Les contrats abusifs, les frais d’itinérance trop élevés, etc.

Ne devrait-il pas épingler à son tableau de chasse l’épineuse question de l’accès à la radio FM gratuite sur les téléphones cellulaires?

Non mais, tant qu’à rester sur la bande FM encore quelques années, autant qu’un maximum de citoyens Canadiens y aient accès.

Quel est l’appareil que les Canadiens utilisent aujourd’hui le plus souvent au quotidien? Je vous le donne en mille : le téléphone cellulaire.

Vous aimeriez accéder à la radio gratuite sur votre téléphone cellulaire? Visitez l’initiative Radio Gratuite sur mon Téléphone (Free Radio on my Phone Canada).

Entre-temps, nous nous assurerons de passer le message au CRTC, comme nous l’avons fait la semaine dernière. Les Canadiens ont le droit d’écouter la radio gratuite et non pas être obligés de payer pour y accéder.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.