Aujourd’hui, mettons la partisanerie de côté, car, quoique la nouvelle ait eu l’effet d’une bombe dans le milieu médiatique, la vente de 45 stations régionales par Bell Media est une excellente nouvelle pour la radio. Pourquoi ? Parce qu’on a la preuve indéniable qu’elle est encore bel et bien vivante.
Évidemment, il y a des perdants dans l’annonce de Bell Média. La supression de 4 800 emplois et l’abandon de plus d’une quarantaine de stations, ça « fesse dans l’dash », comme on dit en bon Canadien français.
Cela dit, ce qui me réjouit à plusieurs égards, c’est que la radio vient de recevoir une solide tape dans le dos, contrairement à ce que plusieurs prétendent.
D’ailleurs, quoique beaucoup de gens perdront leur emploi, plusieurs d’entre eux en trouveront un nouveau rapidement.
Ça bouge beaucoup dans le petit monde des médias. Croyez-moi.
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Une opération 100 % gagnante pour Bell
On s’entend. Pour Bell Media, voilà l’occasion rêvée de se recentrer sur ses activités stratégiques : surtout l’univers numérique et les services sans fil.
N’oublions pas d’ailleurs qu’il y a quelques mois à peine, le Groupe TVA annonçait également une certaine restructuration de ses activités et mettait à pied plus de 500 employés.
Question de ‘timing’ sans doute, ou peut-être pas tant que ça finalement, la maison-mère Québecor annonçait très peu de temps après des gains fort appréciables de ses abonnés dans les services sans fil ainsi qu’une réduction de son endettement.
Comme quoi on ne fait pas d’omelette sans casser quelques œufs.
En se défaisant d’autant de stations, BCE réduit ses coûts d’exploitation, simplifie sa structure et se libère de certaines contraintes réglementaires.
L’entreprise pourra ainsi mieux se positionner dans un marché hautement concurrentiel et en constante évolution, comme les services sans fil dont on parlait plus haut.
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Ensuite, les régions y gagnent
Les autres gagnants, contrairement à ce que bon nombre de personne soutenaient hier dans les bulletins de nouvelles à la télé, ce sont assurément les régions.
Car, en même temps que l’entreprise annonçait se départir de ses quarante-cinq stations régionales, une multitude d’autres petits joueurs de l’écosystème médiatique canadien levaient la main et criaient “Présent !” pour acquérir les stations logées en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et dans l’Atlantique.
Parmi eux, des noms comme ZoomerMedia du très connu Moses Zneimer à qui l’on doit la création de Much Music et MusiquePlus, ainsi qu’Arsenal Media qui est sous la direction d’un autre professionnel des médias, Sylvain Chamberland.
Bien sûr, il y a de grosses coupures qui furent annoncées dans la couverture journalistique de CTV et BNN Bloomberg.
Mais, si l’on s’arrête strictement au domaine de la radio, et on ne m’en voudra pas de me concentrer là-dessus, je trouve que c’est une assez bonne nouvelle. Que j’applaudis. Sans partisanerie.
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Mais la plus grande gagnante, c’est sans doute la radio
Hier, la radio nous a prouvé une fois de plus qu’elle est éminemment pertinente et qu’elle doit être proche du public, et non des grands centres.
En même temps que Bell Media disait n’avoir plus d’intérêt à desservir des marchés régionaux comme le Bas-Saint-Laurent, le Centre-du-Québec, ou encore la Montérégie pour ne nommer que ceux-là, d’autres acteurs du milieu manifestaient leur désir de renforcer leur présence dans le paysage médiatique québécois et canadien.
Pour les auditeurs, c’est l’occasion de bénéficier d’une offre médiatique plus riche, plus locale et plus proche de leurs réalités. Sans doute entendront-ils bientôt beaucoup moins d’émissions de Montréal et Toronto notamment, et pas mal plus de chez eux ou du moins de régions avoisinantes.
La radio régionale joue un rôle si essentiel dans l’information, la culture et le divertissement des communautés qu’elles desservent. À l’Alliance des radios communautaires du Canada, on en sait quelque chose.
En passant aux mains d’entreprises indépendantes et dynamiques, ces radios pourront mieux répondre aux attentes et aux intérêts de leur public.
J’aurais été beaucoup moins enthousiaste s’il avait fallu des semaines, voire des mois, avant qu’on entende des joueurs se manifester. Mais, dès lors que Bell faisait son annonce, on énonçait immédiatement l’identité des acquéreurs. Bravo !
Ça ne veut évidemment pas dire que les négociations n’ont pas été longues et ardues en amont. Mais, au moins, il y a encore beaucoup d’intérêt.
Les régions trouveront de nouvelles entreprises qui seront beaucoup plus intéressées à les desservir que semblait l’être Bell Media.
Oui, au final, la plus grande gagnante, c’est sans doute la radio.
Puisqu’elle nous prouve encore une fois sa vitalité de façon indéniable.
Une bonne tape dans le dos pour un produit médiatique hautement intéressant pour quiconque s’intéresse un tant soit peu aux régions, et non davantage à l’appétit des actionnaires à la bourse de Toronto.