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Oct 17
Des musiciens dans un orchestre

Bluesky sort le violon pour attirer les médias et les journalistes

Bluesky n’est encore qu’en version bêta et reste inaccessible pour quiconque ne dispose pas d’un compte. Pourtant, fort de ses près de 2 millions d’utilisateurs inscrits, le réseau s’est mis en mode séduction. Il espère y attirer les médias et les journalistes.

Meta et X (anciennement Twitter) veulent tuer l’information

Deux gros noms des médias sociaux se sont mis en tête de chasser les nouvelles ainsi que les médias de leur plateforme.

J’ai nommé Meta (dont Facebook et Instagram) et X (anciennement Twitter).

À preuve, en août dernier, Meta a bloqué aux Canadiens l’accès aux nouvelles émanant de leurs médias nationaux et locaux sur ses plateformes.1

Une décision, comme le prétendait alors l’entreprise, qui était motivée par l’entrée en vigueur prochaine de la nouvelle législation canadienne.

Vous savez, la fameuse loi C-18 encadrant les plateformes de communication en ligne qui rendent disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada ?

Il s’avère que peu de temps après, le réseau social annonçait le retrait imminent dans certains marchés européens du lien “actualités” permettant aux usagers du réseau de consulter rapidement et facilement les principaux titres de l’actualité.2

Entre ne pas souhaiter aider financièrement les éditeurs de la presse et vouloir les expulser littéralement de ses plateformes, il n’y a qu’un pas que Meta n’a pas hésité à franchir.

Enfin, du côté de X, on apprenait tout récemment que l’Union européenne allait ouvrir une enquête contre le réseau social d’Elon Musk, en raison de la désinformation qu’on y trouve. Tout particulièrement en marge du conflit israélo-palestinien.3

Comment pourrait-on croire encore, devant de pareilles évidences, que Meta et X n’ont d’autre but que de chasser les médias et les journalistes ?

Les médias et les journalistes, un gage de crédibilité ?

À l’autre bout du spectre, Bluesky, un réseau social encore relativement nouveau a plutôt choisi de tendre la main aux médias ainsi qu’aux journalistes.

Faut-il y voir une manœuvre habile afin d’accroître la crédibilité du réseau, demanderont certains ?

Comment ne pas avoir de doutes en effet, quand on pense que c’est précisément ce que Facebook avait fait jadis, en courtisant les médias à ses débuts afin d’établir sa crédibilité et enrichir son offre de contenus, avant de finalement les en expulser quelques années plus tard.

Sauf que…

Dans le cas de Bluesky, le fonctionnement est un peu distinct.

D’une part, le réseau social décentralisé est basé sur un protocole informatique lui aussi décentralisé.4 Ainsi, Bluesky pourrait faire partie à terme de tout un écosystème d’autres réseaux sociaux, eux-mêmes décentralisés, qui interagiraient les uns avec les autres.

Et pourquoi pas le réseau social indépendant de votre propre média, qui interagirait avec les autres ?

C’est du moins l’ambition de ceux qui l’ont créé, dont Jack Dorsey à l’époque où il dirigeait Twitter.

Au moment où il en tenait le volant, il souhaitait en effet décentraliser le réseau Twitter, de telle façon qu’il puisse interagir avec d’autres réseaux sociaux externes.

Mais depuis, le projet s’est détaché pour devenir totalement indépendant. Plus rien ne rattache Bluesky au défunt Twitter, ou plutôt au nouveau X.

L’entreprise est maintenant une public-benefit corporation.5 C’est-à-dire une société d’utilité publique dont les buts et les objectifs diffèrent totalement de ceux de Meta et de X.

L’invitation lancée aux journalistes et aux médias

Bluesky s’est donc lancé il y a quelques jours dans un exercice de séduction pour le moins surprenant à l’endroit des médias et des personnalités du monde de l’information.

C’est rare qu’on voit une invitation aussi éloquente. Vous le verrez.

Dans un texte de blogue intitulé « Bluesky for Journalists », l’invitation a été carrément lancée aux médias de s’inscrire à Bluesky.

Donc, pendant que Facebook et X lancent la chasse aux médias et aux journalistes, Bluesky souhaite les y inviter.

Toute une différence, n’est-ce pas ?

Soulignons qu’aux rangs des médias les plus influents qui ont déjà rejoint la plateforme, se trouve des noms aussi réputés que The Washington Post qui compte déjà près de 100 000 abonnés, ou encore le The New York Times fort de ses 82 000 abonnés.

La page Bluesky du quotidien The New York Times

(Source : capture d’écran / Bluesky)

Même au sein de la francophonie canadienne, des médias s’y sont déjà inscrits.

Qu’on songe à La Voix du Nord – Le Voyageur dans le Nord-Est de l’Ontario, ainsi que le portail d’information Francopresse.

En conclusion

En terminant, si l’idée de faire partie d’un réseau social émergent vous enchante et que vous croyez aux principes de la décentralisation, jetez un œil à l’invitation lancée aux médias par Bluesky.

Peut-être pourriez-vous joindre le réseau qui approche les 2 millions d’usagers et dont la croissance, même en demeurant encore sous invitation, croît à un rythme d’à peu près 15 000 nouveaux abonnés par jour.

Dans le même état d’esprit de la décentralisation, si vous cherchez à élargir vos horizons et aimeriez aussi essayer le réseau social Mastodon, nous vous suggérons de consulter ce texte que nous avions fait paraître sur le sujet en novembre 2022.

Nous sommes nous-mêmes présents autant sur Bluesky que Mastodon.

1 : « Facebook commence le blocage des nouvelles », La Presse, 1er août 2023
2 : « Meta va supprimer l’onglet “actualités” de Facebook en Europe à la fin de l’année », Le Temps, 5 septembre 2023
3 : « L’Union européenne ouvre une enquête contre X (ex-Twitter) pour désinformation », Radio-Canada, 12 octobre 2023
4 : « Bluesky Social », Wikipédia
5 : « Announcing Bluesky PBLLC », Bluesky, 7 février 2022

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

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