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Déc 09
Pour créer des listes musicales, l'humain fait mieux que l'algorithme

Pour créer des listes musicales, l’humain fait mieux que l’algorithme

Les auditeurs sautent jusqu’à 10 fois moins les chansons et écoutent jusqu’à 3 fois plus longtemps quand les humains créent des listes musicales, plutôt que les algorithmes.

Le constat d’AccuRadio

AccuRadio est un service de musique en ligne comme il s’en trouve plusieurs autres. Il compte jusqu’à 1000 chaînes et couvre une cinquantaine de genres musicaux distincts.

Pourtant, à la différence de plusieurs de ses rivaux, AccuRadio fait les choses différemment.

Au lieu de confier la curation des contenus, la création des listes musicales et l’enchaînement à des algorithmes, ce sont plutôt des humains qui accomplissent tout le boulot.

Et les résultats sont flagrants…

En jetant un œil aux sauts (‘skips’) de chansons que font les auditeurs, AccuRadio a découvert que les chaînes musicales programmées par des musiciens et des programmateurs musicaux aguerris étaient beaucoup plus appréciées que celles où l’on avait recours à des algorithmes.

AccuRadio a fait le constat qu’on y saute à peine 4 % des titres, tandis que ce ratio peut facilement atteindre jusqu’à 40 ou même 50 % chez Spotify ou encore Pandora.

On s’est aperçu d’autre part que l’écoute se prolongeait sur une période de 2 heures pour les chaînes programmées par des êtres humains. C’est jusqu’à 3 fois plus long que chez la compétition où les algorithmes sont généralement utilisés.

Mon expérience personnelle

J’ai moi-même été coordonnateur/programmateur musical de quelques stations radiophoniques dans une autre vie.

J’ai fait exactement le même constat, mais en comparant Google Play Music avec Stingray Music, dont le siège social est située à Montréal.

Quand j’écoute Google Play Music, je passe mon temps à sauter des titres, je suis continuellement en train de butiner d’une chaîne à l’autre.

Des chaînes supposément consacrées à de grands succès y sont pourtant truffées de titres obscurs et peu connus. Le rythme entre les chansons est irrégulier, l’ambiance n’y est tout simplement pas. Bref, tout (ou presque) incite à zapper.

Avec Stingray Music, comme avec de véritables stations radiophoniques traditionnelles, je suis beaucoup moins volage. Mon temps d’écoute est plus long sur chacune des chaînes et je zappe moins les titres.

Qu’est-ce qui explique ça? Comme dans de véritables stations de radio AM/FM, les titres sont sélectionnés avec minutie. Par des humains. Tout simplement.

Tandis que Google accorde une grande place aux algorithmes pour la curation des contenus et la création des ‘playlists’ de ses chaînes musicales, Stingray compte plutôt sur une centaine d’êtres humains en chair et en os pour accomplir le boulot.

La courbe musicale est donc plus harmonieuse, les enchaînements sont beaucoup mieux réussis.

On y tient compte à la fois du rythme, de la durée des pièces, de l’ambiance musicale, ainsi qu’un paquet d’autres variables que les algorithmes sont incapables de prendre en compte.

Au final, on retrouve moins d’incongruités qui nuisent à l’expérience d’écoute. Ce qui se traduit forcément par une plus grande fidélité et une durée d’écoute plus longue.

Une expérience qui devrait inspirer les gestionnaires de radios qui pourraient être tentés de virer leur directeur musical pour le remplacer par une machine préprogrammée. Pensez-y à deux fois.

Sachez que les algorithmes ont encore beaucoup de croûtes à manger (si ça se peut!) avant d’arriver à la cheville des humains en matière de programmation musicale.

(Source : « Humans, Not Algorithms : music loving curators at AccuRadio lead to 10x fewer skips and 3x longer listening times », podnews.net, 25 novembre 2019)

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

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