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Juil 05
Un stylet en train de barrer le logo de Facebook sur l'écran d'un téléphone

[OPINION] Le fédéral doit prendre le budget publicitaire de Meta et l’envoyer aux médias

[OPINION] Dans l’industrie médiatique au pays, ainsi que chez plusieurs élus fédéraux qui réclamaient eux-mêmes la mesure, l’idée allait de soi. Il fallait que les agences et ministères fédéraux arrêtent d’annoncer sur Facebook et Instagram. Le gouvernement fédéral aura finalement entendu raison.

Le ministre du Patrimoine canadien Pablo Rodriguez l’a en effet annoncé lors d’une conférence de presse, ce mercredi 5 juillet 2023.

Ainsi donc, le gouvernement du Canada va interrompre ses achats publicitaires sur les plateformes appartenant à Meta.

Du moins, tant et aussi longtemps que planera la menace de l’entreprise de boycotter les médias canadiens. En un mot comme en mille, rien ne dit que cela durera.

Capture d'écran d'un message du ministre Rodriguez qui annonce que des mesures seront prises pour suspendre toutes les publicités du gouvernement du Canada sur Facebook.

(Un message Twitter du ministre Pablo Rodriguez qui annonce que des mesures seront prises pour suspendre toutes les publicités du gouvernement du Canada sur Facebook / Capture d’écran Twitter)

Et puis quoi, maintenant ?

Cette suggestion, nous-mêmes l’avions récemment formulée lorsque l’entreprise américaine avait annoncé qu’elle empêcherait l’affichage des nouvelles émanant de médias canadiens sur ses réseaux sociaux.

Interrompre la publicité, certes. Mais, il faut faire mieux encore. Maintenant, il faut que ces sommes soient réinvesties dans des campagnes publicitaires canadiennes.

Le gouvernement fédéral investit jusqu’à 11 millions de dollars par année pour s’annoncer sur les réseaux sociaux qui appartiennent à Meta, nommément Facebook et Instagram. Une entreprise américaine reconnue entre autres pour ses manœuvres d’évasion fiscale et ses entorses aux règles en matière de respect à la vie privée.

J’ai lu certains, dans des médias sociaux de Meta bien sûr, qui s’interrogeaient sur la pertinence pour l’État de placer de la publicité.

Laissez-moi vous dire qu’il s’agit d’une vision très raccourcie, et il ne faut d’ailleurs pas voir beaucoup plus loin que le bout de son nez pour soulever une telle question.

Soyons logique. Le gouvernement n’a d’autre choix que de promouvoir les différents programmes et les services gouvernementaux offerts aux Canadiens.

Sans un minimum de publicité, le gouvernement pourrait difficilement en faire connaître l’existence autrement.

On va se le dire. Ce serait un peu (lire : vraiment) ridicule que le gouvernement échafaude des programmes gouvernementaux et rendent des services aux citoyens, sans que ces derniers en connaissent l’existence.

Le gouvernement a annoncé que cet argent allait désormais être réinvesti dans des campagnes majeures.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Personne ne le sait vraiment pour l’instant.

Mais, on peut quand même imaginer qu’il procédera sans doute par des campagnes publicitaires à grand déploiement sur diverses autres plateformes, et même, pourquoi pas, en réinvestissant ces 11 M$ directement dans les médias canadiens.

Bon. Supposons que pour différentes raisons, le gouvernement ne soit pas tout à fait chaud à l’idée de réinvestir dans les médias traditionnels un budget qu’il consacrait jusque-là à des plateformes numériques.

Pourquoi ne le réinvestirait-il pas dans les plateformes numériques des médias canadiens qui sont eux-mêmes boudés par les géants du web ?

Ça ne s’appelle pas faire l’aumône. C’est simplement placer sa publicité ailleurs. Point.

Les journaux canadiens sont désormais tous dotés de sites web et d’applications mobiles pour qu’on puisse y lire les informations.

Les radios canadiennes sont toutes disponibles en ‘streaming’ sur leurs propres site web, où elles affichent d’ailleurs de la publicité, ainsi que dans toute une myriade d’autres applications mobiles.

Un bon ‘spot’ de 30 secondes, à la radio FM ou en ‘streaming’, ça donne les mêmes résultats. Croyez-moi.

Nombre de télévisions canadiennes se sont elles aussi dotées d’applications mobiles et de sites web à la fine pointe de la technologie afin qu’on puisse y consommer leurs contenus vidéo chez soi ou en déplacement.

Donc, partant du constat que le gouvernement n’a d’autre choix que de publiciser ses différents programmes sociaux et les services qu’il offre aux citoyens.

Pourquoi ne prendrait-il pas le budget consacré aux grandes plateformes numériques étrangères et ne le transfèrerait-il pas simplement aux médias canadiens ?

Maintenant… et pour toujours.

 

Je terminerai en relevant que Google n’est pas touché par cette suspension des publicités. Puisque l’entreprise travaille apparemment de bonne foi avec le gouvernement afin de trouver une solution.

Contrairement à Meta, Google adopte en effet une approche visiblement plus responsable et formule des demandes plus sensées au gouvernement.

Le ministre Rodriguez s’estime d’ailleurs convaincu qu’une solution puisse être trouvée et les différends pourraient être résolus au cours du processus réglementaire. Tant mieux si c’est le cas.

Mais, il va de soi que le gouvernement doit cesser de financer avec nos taxes et nos impôts des entreprises étrangères qui bafouent les décisions d’un gouvernement élu démocratiquement et menacent nos institutions.

Ça ne relève pas du fantasme ou de l’utopie. C’est juste le bon sens. Le gros bon sens.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

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