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Juin 07
Bluesky Social sur l'écran d'un PC

Peut-on développer un cercle d’experts dans Bluesky ? Non

Voilà tout près d’une année que j’utilise le réseau social Bluesky, l’un des derniers nés dans l’univers des médias sociaux. En effet, il n’a été officiellement accessible qu’en mars 2023, et sur invitation seulement. Qu’en penser après cette première année ?

Beaucoup de choses se sont produites depuis un an

Dans la tête de bien des gens, Bluesky n’a qu’une année d’existence. Dans les faits, les prémices du projet remontent aussi loin… qu’en 2019.

Jack Dorsey, alors grand patron de Twitter, annonçait le financement d’une toute petite équipe ayant un but précis. Élaborer une norme ouverte et décentralisée pour les médias sociaux.

Bref, le réseau dans sa forme actuelle n’est pas le fruit d’une seule année de travail, comme certains pourraient le croire. C’est plutôt le fruit d’au moins quatre, voire même pratiquement cinq années de développement.

Cela dit, il faut quand même reconnaître que le Bluesky auquel tout le monde a accès depuis février dernier n’est pas du tout le même auquel j’ai adhéré en 2023.

Avec l’ajout des GIFs animés. L’avènement de la messagerie privée. La lecture de médias externes (ex. : des vidéos YouTube) directement dans l’interface. L’autorisation des applications tierces pour y accéder. Etc.

Autant d’améliorations et même davantage qui se sont produites, et ce, depuis l’ouverture de Bluesky en mars 2023. Impressionnant !

Une copie de Twitter ? Oui… mais non

D’aucune diront en faisant défiler le fil d’actualités Bluesky qu’il s’agit d’une copie conforme ou presque de Twitter. Oui… mais non.

L’interface paraît effectivement presque totalement calquée sur le défunt Twitter, aujourd’hui rebaptisé X. La mécanique y ressemble d’ailleurs à s’y méprendre.

Sauf qu’il manque à Bluesky une chose essentielle à sa réussite et qui ne s’est malheureusement pas encore produite. Laquelle ?

La masse critique d’usagers de renom qui inciteront d’autres personnes à s’y inscrire. Des célébrités du cinéma, des personnalités du monde des affaires, des politiciens influents, etc. Mais pas seulement. Non seulement de grandes célébrités du ‘star system’ mais aussi des scientifiques accomplis, des journalistes respectés. Etc.

Où sont-ils ? Au mieux, ils disposent déjà d’un compte mais il est complètement inanimé. Au pire, ils sont littéralement absents.

À titre d’exemple, vous y trouverez bien le réputé Olivier Niquet, chroniqueur radio sur ICI Première, qui s’évertue depuis son arrivée à publier à une fréquence pour le moins surprenante.

Toutefois, malgré ses publications réglées comme une horloge suisse et ses plus de 600 abonnés, les réactions sont à peu près inexistantes.

Si d’aventure vous essayez d’y trouver ses collègues et amis (Jean-Philippe Wauthier, Jean-Sébastien Girard et Fred Savard), sachez que vous n’aurez aucune chance à ce moment-ci d’y trouver les deux premiers, tandis que le troisième (Fred Savard) n’y compte qu’un peu plus de 80 abonnés et n’y a jamais rien publié. Oups !

Oui, vous y trouverez aussi quelques personnalités canadiennes françaises aussi connues que les Danièle Lorain, Richard Hétu et Thérèse Parisien. Mais, encore là, on sent que le cœur n’y est pas tout à fait et que la sauce ne prend pas.

Le monde attire le monde

Voici une vérité implacable dans le monde des affaires, et c’est TRÈS vrai aussi pour les médias sociaux : le monde attire le monde.

Faites asseoir trente clients au fond d’un resto à l’éclairage tamisé, où l’on ne distingue aucune silhouette depuis l’extérieur. Personne ne voudra s’y rendre.

Faites-en asseoir une toute petite dizaine qui semblent s’amuser sur la terrasse, puis stationnez à peine quelques véhicules devant la porte. Tous les curieux voudront y entrer.

Bluesky ressemble davantage jusque-là au resto dont les clients sont invisibles depuis les fenêtres extérieures.

C’est malheureux. Du moins, pour l’essor du réseau qui reste un petit club fermé et pas franchement animé.

Ça fait peut-être l’affaire de certaines personnes, mais je reste convaincu que l’équipe derrière le réseau social ne voit pas les choses du même œil. Ce n’est peut-être pas si étonnant d’ailleurs que Jack Dorsey s’en soit écarté récemment et qu’aucun autre réseau ne se soit encore réellement intéressé au fameux standard dont il rêvait tellement en 2019.

Besoin d’un exemple ?

Depuis quelques mois, il est possible de scruter un fil d’accueil sans compte Bluesky. Je vous mets au défi d’y trouver des contenus provenant desdites célébrités, gens d’affaires et politiciens dont je parlais plus haut. Bonne chance !

Mon expérience mi-figue mi-raisin

Voilà pratiquement une année que j’écume le réseau social en quête de personnalités influentes. Des personnes desquelles je pourrais obtenir des informations intéressantes et fiables dans leurs différents domaines d’activités, et tout en faisant moi-même rayonner un tant soit peu mes connaissances de mon propre domaine.

À mon grand désarroi, c’est peine perdue. Très peu de gens influents s’y sont encore réellement investis. J’oserais même dire pratiquement aucune.

Ma réflexion est qu’il ne faut donc pas fréquenter Bluesky avec l’espoir d’y intégrer des sphères d’influence, ou encore ne serait-ce que simplement s’enrichir à côtoyer des professionnels dans vos champs d’intérêt et/ou d’expertise.

Pour ça, je vous recommanderais davantage Mastodon. Un réseau qui, ironiquement, est honni par bien des utilisateurs de Bluesky. Ceci explique peut-être cela.

Je croyais à tort en quittant Twitter à l’arrivée d’Elon Musk, que j’allais retrouver sur Bluesky une certaine activité en un laps de temps relativement court. J’avais tort. Du moins, pas pour étendre mon cercle de connaissances dans les domaines qui m’interpellent.

On se trouve bien souvent à s’abonner (comme je l’ai fait) à des personnes qui sont certainement très gentilles et polies, mais qui n’ont strictement rien de proprement pertinent à nous apprendre dans nos champs d’intérêt.

Mon constat ? Bluesky a littéralement revêtu les habits d’un réseau social à la limite d’un Facebook version allégée et ça ne risque pas de changer de sitôt.

Comprenez-moi bien. Ce n’est pas totalement inintéressant de lire les astuces de jardinage des uns, ou encore de voir passer les sublimes photos de voyage des autres.

Par contre, si vous espérez fréquenter Bluesky avec l’espoir d’y étendre votre réseau de contacts, y dénicher les sujets brûlants de l’actualité et développer votre propre expertise, passez votre chemin. Le réseau n’est malheureusement pas le bon endroit pour ça.

En conclusion

Bluesky a introduit récemment une fonctionnalité permettant d’y suspendre temporairement nos activités, avec la possibilité d’y revenir plus tard et de reprendre là où nous en étions.

Je vais donc en profiter afin de mettre mon compte en veilleuse, le temps de réévaluer la pertinence de l’outil en ce qui me concerne.

In the latest app update, we added the ability to temporarily deactivate your account. This will hide your profile and posts but keep your handle reserved. Take a breather for as long as you need to!Read more about how account deactivation works on Bluesky: ???? /1

— Bluesky Safety (@safety.bsky.app) Jun 5, 2024 at 14:26

Je continuerai de m’informer des activités du réseau et d’y entretenir le compte Bluesky de notre organisation où nous continuerons de contribuer à notre façon à l’essor et au succès du réseau, espérons-le. Car, ce n’est pas du tout un mauvais réseau. Loin de là.

Mais en ce qui me concerne, j’ai besoin de prendre un peu de recul et d’en réévaluer la pertinence dans un cadre professionnel et d’information. Je n’en suis pas convaincu.

Quiconque en radio, télé, communications, etc. souhaite s’investir dans Bluesky dans un dessein professionnel, et c’est là le but de mon intervention, ne doit pas s’attendre à des miracles.

Vous n’y trouverez pas de trucs et d’astuces sur la production audio, le marketing, la radiodiffusion, etc. Du moins, très, très, très peu. La pertinence d’un tel outil dans un but professionnel et de relations d’affaires reste à démontrer.

Peut-être ce jour viendra-t-il, mais nous en sommes encore très loin.

À propos de l'auteur

Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d'expérience, Simon Forgues est à l'emploi de l'Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d'études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l'idéation de contenu jusqu'à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l'Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.

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